Il y a un an presque jour pour jour, j’avertissais en écho à une lettre signée Astrid Menasanch d’une possibilité de démocratie totalitaire en Espagne.
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Un an plus tard, le cauchemar est en passe de devenir une triste réalité puisque le 11 décembre dernier, cette loi liberticide a été adoptée par le Parlement avant de passer au Sénat très prochainement.
Cette loi dite « Loi du bâillon », qui contient 55 articles et punit autant d’actes différents, prévoit des amendes pour le manifestant, allant de 100 à 600 000 euros. Les infractions ?
- Pour commencer, toutes les manifestations non-déclarées et prenant place devant le Congrès ou autre édifice appartenant à l’Etat – comme celle qui s’est déroulée samedi 14 à Madrid – seront interdites et la sanction ira jusqu’à 30 000 euros par participant. Cela sera le cas lorsque plusieurs personnes seront considérées comme un groupe.
- L’interdiction des manifestations non-déclarées s’appliquera également aux réseaux sociaux. Se rassembler en tant que groupe sur Internet, autour d’une opinion, sera sanctionné de 30 000 euros. Créer un groupe, sur les réseaux sociaux ou dans un lieu public, autour de symboles ou de drapeaux, sera interdit : 30 000 euros d’amende.
- Si dans une manifestation, un citoyen manifeste avec une capuche ou avec le visage couvert : 30 000 euros d’amende.
- Refuser de décliner son identité devant un policier : 30 000 euros.
- Empêcher un policier de remplir sa fonction : 30 000 euros, ce qui, dans la pratique, signifie que les sit-in comme ceux qui initièrent le mouvement du 15-M en Espagne [« Les Indignés », ndlr], seront strictement interdits.
- Déshonorer le drapeau espagnol : 30 000 euros [en France, cet acte est passible de 1 500 euros d’amende, ndlr].
- Réaliser un dessin satirique, prenant pour sujet, par exemple, un politique, sera interdit.
- Utiliser des pancartes critiquant la nation espagnole : 30 000 euros.
- Filmer ou photographier un policier en service : 30 000 euros.
Depuis quelques jours, pour protester contre ces mesures liberticides et totalitaires qui sont pour la plupart anticonstitutionnelles, il y a eu beaucoup de mouvements, de contestations, des nouveaux projets, mais presque rien ne filtre dans les médias français…
Et l’Espagne qui bouge et crée, cela n’intéresse personne ?
Si, cela intéresse beaucoup de monde dans la frange populaire, mais beaucoup moins les partis politiques traditionnels, les médias, bref, l’ordre dominant. La montée de partis de gauche plutôt progressistes (mais pas révolutionnaires, n’exagérons rien) comme Syriza en Grèce et le parti Podemos en Espagne fait peur, il faut donc les discréditer au plus vite. Comment ?
La technique du gouvernement espagnol s’explique en deux points :
1/ mettre en place des Lois liberticide pour pouvoir décider que tous ceux qui ont un esprit critique peuvent être déclarés hors-la-loi.
2/ faire peur afin que les plus conservateurs (ceux qui ont des biens à protéger) votent le plus à droite possible pour bloquer Podemos.
Deux techniques pour renforcer le Pouvoir face à la souveraineté populaire que l’on va pouvoir voir à l’œuvre aux USA suite aux événements à Ferguson (où un policier a pu tuer un jeune Noir innocent sans risque et surtout sans aucune sanction ni poursuite). Peu à peu, l’État met en place des Lois pour le protéger de tout. Mais qui nous protègent de lui ?
Deux techniques qui vont être utilisées en France suite aux événements à Charlie Hebdo ! Valls a déjà parlé d’ « apartheid » pour qualifier la situation de fracture qui existe en France mais que va-t-il proposer, lui l’homme de gauche, pour combler le fossé ?
Va-t-il proposer un grand débat national sur l’intégration, la laïcité, le respect des religions (toutes les religions), la fin d’une information qui fait deux poids deux mesures entre les citoyens, une refonte des principes démocratiques pour une meilleure représentation de tous les Français, une réforme des prisons qui sont devenues des écoles du crime et non pas des écoles de la rédemption, la fin de la Françafrique et des financements et des soutiens à des groupes et des états terroristes, une lutte contre les plus gros terroristes actuels, à savoir les banksters, une autre manière d’enseigner à l’école… ?
Pas du tout. Il va mettre en place plus de contrôle, plus de délations, plus d’écoutes, plus de programmes de surveillance sur le web, renforcer les ententes entre les États – mais uniquement au sujet de la sécurité intérieure – bref, favoriser un contexte de terreur et renforcer une politique sécuritaire qui n’aide en rien…
Ne nous laissons pas leurrer.
L’Espagne pourrait bien devenir une démocratie totalitaire, ne lui emboîtons pas le pas…
L’Indigné du Canapé
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