L'Indigné du Canapé

Défendre les violences policières, une stratégie du chaos ?

Oui, il y a des bandits, des voleurs, des violeurs, des escrocs dans une société. Il y en a dans toutes sociétés, car toute société mettant en place des normes strictes crée une situation où des individus sont hors des normes, donc potentiellement hors-des-lois. Les policiers représentent l’Etat, et ont une fonction particulière. Le rôle de la police est d’appréhender les hors-la-loi, afin de les punir d’avoir outrepassé le cadre défini (que ce cadre soit juste ou non). Pour cela, les policiers peuvent user de violence tant qu’elle est légale et légitime (respectant la loi, mais aussi utile, proportionnée, maîtrisée). Les policiers eux-mêmes sont soumis aux lois qu’ils tentent de faire respecter, dans un état de droit. Mais.

Qu’un criminel agisse en criminel, c’est logique (sinon il ne serait pas étiqueté en tant que criminel), et cela doit être condamné (dans la mesure où ce qui est considéré comme « criminel » l’est véritablement bien sûr).
Mais que faire quand un policier – censé protéger des criminels, et donc censé être aux antipodes de cette étiquette – agit lui-même en criminel, tient des propos racistes, sexistes, homophobes, ment, vole ou trafique, use d’une violence disproportionné, voire maltraite physiquement ou psychologiquement, torture, tue ?

« Quand la violence des policiers cesse d’être légitime, elle remet en cause notre contrat social », nous dit Viktorovitch, et l’on ne peut qu’acquiescer.
Et quand des élus, députés, ministres (d’autres représentants de l’Etat, censés eux aussi représenter le juste, l’irréprochable) refusent de condamner les actes illégaux des policiers, ils ne défendent pas la police, encore moins l’Etat, mais la violence, mais la trahison, mais la forfaiture.

La violence sociale ne vaut pas la violence policière

En filigrane, les partis politiques, médias ou citoyens qui défendent la police nous montrent quel type de société ils défendent, une société où il n’y aurait plus d’état de droit puisque :
1/ certains citoyens peuvent subir plus de violences illégitimes que d’autres (souvent les plus faibles socialement, économiquement, psychologiquement, ceux qui n’ont pas les moyens de se défendre, ou sont mal défendus) : je parle ici des citoyens qui se qualifient eux-mêmes de « citoyens de seconde zone », dans un pays où la loi est appliquée à – au moins – deux vitesses.
2/ d’autres citoyens peuvent agir dans une violence qui dépasse le cadre de la loi sans en subir les mêmes conséquences que les autres : je parle ici des fonctionnaires de police, assermentés, censés représenter l’ordre et la paix, et qui parfois, incarnent tout l’inverse, avec un sentiment d’impunité parfaitement logique puisqu’ils ne sont que rarement épinglés, jugés, condamnés. Et parmi ces citoyens impunis, on peut également mentionner les politiciens (coucou Balkany, coucou Sarkozy, coucou Le Pen), et les grands patrons (coucou Bolloré, coucou Ghosn).

Traduction :
1/ peu importe ses méfaits, aucun citoyen ne mérite d’être violenté gratuitement. Celui qui commet des crimes ou méfaits doit être arrêté, oui, et jugé, oui. Mais ni violenté, ni torturé physiquement ou psychologiquement. Ni même se sentir infériorisé, rejeté, en insécurité auprès de ceux qu’on qualifiait jadis de « gardiens de la paix ».
2/ peu importe son statut, aucun citoyen ne mérite d’être au-dessus des lois. Il doit être jugé en fonction de ses actes.

Lire aussi : Stigmatiser les violences populaires, légitimer les violences policières, c’est ça, l’autoritarisme

Aujourd’hui, quand on voit la violence de certains policiers dans telle ou telle situation, quand on constate cette absence d’éthique, ce racisme débridé de ceux censés défendre l’égalité de tous et la justice pour tous, ces violences, et à la suite de cela, cette absence de justice, il y a de quoi devenir fou de rage. Ce deux poids deux mesures (un véritable racisme d’Etat dans certains cas) est insupportable : il est à la base d’un sentiment de colère dans la population, et ne peut mener qu’à un cercle vicieux où la violence engendre la violence.

Et sur ce point, les partis politiques qui tablent sur un régime particulièrement autoritaire (le RN notamment), ou sur un régime assez inégalitaire (le RN notamment, qui défend l’inégalité Français/étranger, ou les partis économiquement libéraux, qui défendent l’aggravement des inégalités riche/pauvre) ont une forte responsabilité, car ils font de la police un outil indispensable du maintien de l’ordre, dans un système où les inégalités créent nécessairement des actions pour plus d’égalité.

Soutenir les violences injustes de la police, c’est soutenir toutes les violences

Les politiciens qui défendent cet état de fait mettent en lumière leur jeu : ils ont tout intérêt à ce que ce cercle vicieux continue, car ils surfent sur la violence sociale pour se faire plébisciter. Dans les récentes affaires de violences policières, le RN est particulièrement fautif, car il représente plus de 50% des votes (hors abstention) dans le corps policier. Il a donc un rôle républicain à jouer afin de calmer la situation. Mais bizarrement, il ne le fait pas. Il ne le veut pas car il jouit de cette situation.

Ceux qui défendent les actes irréparables de la police ne défendent pas la police, ni la France. Ils défendent la violence. Pour quelle raison ? Je viens de vous le dire. Ces gens ne veulent pas la paix. Ils veulent la guerre, car elle justifie leur existence.
Ceux qui accusent les actes irréparables de la police n’attaquent ni la police ni la France (d’ailleurs, être policier n’est pas une identité, mais une fonction d’état : cette fonction doit être critiquable). Ils attaquent la violence et les injustices.

Quand ils le font par de nouveaux actes violents, c’est répréhensible, non pas parce que c’est violent (une violence de défense n’a rien à voir avec une violence d’attaque) mais parce que c’est un cercle vicieux qui n’est profitable qu’à l’extrême droite.
Mais quand ils le font par les discours, par des images, comme le font les journalistes, et tous les lanceurs d’alerte qui filment des actes illégaux. Pourquoi les accuser ? Pourquoi sinon en tirer profit, parce qu’on profite du cercle vicieux et des rages qui augmentent de part et d’autre ?

Nous sommes contre la violence sociale (la mère de toute violence). Nous sommes pour l’égalité de tous les citoyens, femmes comme hommes, élus comme non-élus, banlieusards et provinciaux comme citadins ou ultramarins, policiers comme tout-venant, peu importe leur sexualité, leur couleur de peau, leur religion…
Personne ne devrait être plus légitime qu’un autre.
C’est ainsi qu’on apaisera les coeurs et qu’on permettra aux citoyens de se tourner vers les vrais problèmes, écologiques, économiques, sociaux, et leurs responsables. Les vrais responsables de notre monde. Ceux d’ailleurs que la police protège à nos dépens…

Eh oui, c’est peut-être un paradoxe en ces temps où l’on se renferme sur nos petites vies avec nos petits esprits étriqués, mais l’ouverture, c’est souvent la sécurité. La méfiance, c’est créer le danger !

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Sources :
https://www.liberation.fr/checknews/2018/04/24/quelle-est-la-proportion-de-policiers-votant-a-gauche-en-france-et-de-militaires_1653591
https://www.revolutionpermanente.fr/Pourquoi-les-policiers-votent-ils-FN
https://reporterre.net/Migrants-Ouvrir-les-frontieres-accroit-a-la-fois-la-liberte-et-la-securite
https://www.franceculture.fr/sociologie/Racisme-Etat-expression-tabou-discrimination

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