L'Indigné du Canapé

49.3 sur les retraites : une négation de la démocratie

Le 49.3 permet au Gouvernement (exécutif) de court-circuiter le législatif (Parlement) au sujet d’un projet de loi. C’est un déni de la séparation des pouvoirs, donc de la démocratie.

La démocratie représentative n’est déjà pas la meilleure incarnation de la démocratie réelle mais elle fonctionne tant bien que mal, notamment parce qu’il y a séparation des pouvoirs, parce qu’il y a une opposition politique non réprimée, et parce que la société civile peut s’exprimer pour ou contre les décisions politiques prises, via des associations et syndicats entre autres. Sauf que.

La Macronie n’écoute pas les corps intermédiaires (associations, syndicats) et agit seule et vite (stratégie du Blitzkrieg) pour détruire les conquis sociaux (assurance chômage, retraites).
La Macronie n’écoute pas la rue (les Gilets Jaunes, les jeunes écologistes, les banlieues, ses avocats, ses cheminots, ses profs) et agit seule pour détruire les solidarités institutionnalisées (Sécurité Sociale, budget des écoles et des hôpitaux, réduction des inégalités).
Mais avec le 49.3, elle va jusqu’à nier la séparation des pouvoirs à l’aide d’une mesure d’un autre âge, conservatrice, autoritaire.
Elle montre ainsi tout son déni, tout son mépris, pour l’idée de démocratie. La Macronie prouve, une fois encore, qu’elle veut transformer en profondeur la société, contre l’Etat et en faveur du marché, et qu’elle veut le faire au mépris des considérations démocratiques dans le cadre de nos institutions actuelles.

Pour défendre son acte, elle affirme que c’est l’opposition qui bloque la démocratie.

Mais non : faire durer le débat (même par l’accumulation d’amendements), c’est pousser au débat, à la confrontation, à la contradiction. C’est précisément obliger la majorité à défendre son projet, comme l’exige le débat démocratique. C’est utiliser les outils de cette démocratie imparfaite qu’est la Vème République pour faire vivre la confrontation des idéologies et faire accéder le mécontentement populaire jusque dans les arcanes du pouvoir.
Avoir recours au 49.3, pendant une intervention sur le Coronavirus et juste après avoir interdit les rassemblements de plus de 5000 personnes, c’est précisément refuser toute confrontation d’idées…

Jpeg

Remettons les événements dans l’ordre :
?Macron, dans son programme présidentiel, s’engageait à ne pas toucher au niveau de la retraite et à l’âge du départ à la retraite. Mais il fait l’inverse désormais élu, ce qui est un déni de démocratie.
?Macron a engagé deux ans de « concertations » avec les « partenaires sociaux » sur une réforme des retraites. Il se trouve que les partenaires sociaux n’ont pas validé le rapport Delevoye, censé être l’aboutissement de ces concertations. C’est un déni de démocratie.
?Le rapport Delevoye donc, était un travail bâclé, rempli d’éléments non chiffrés et non vérifiables. C’est un déni du respect des citoyens, donc de la démocratie.
?Le projet de loi comporte lui aussi 29 ordonnances, dépossédant le Parlement de son pouvoir, légiférer, au profit de l’exécutif. Déni de démocratie.
? 63 % des français s’expriment pour le retrait du projet. Le projet continue d’être discuté malgré tout. Déni de démocratie.
? 67 % des français s’expriment pour un référendum, qui est donc proposé par l’opposition. Rejeté. Macron et co. continuent leur marche forcée, un déni de démocratie.
? Delevoye, premier rapporteur du projet, mais aussi le co-rapporteur actuel, Jacques Maire, sont en plein conflit d’intérêt en étant impliqué dans ce projet de réforme des retraites et engagés avec différentes sociétés privées pouvant tirer avantage de la réforme (AXA par exemple). Ils l’assument (même si le premier a été contraint de démissionner). Déni de démocratie total.
? La majorité des syndicats restent opposés au projet, le Conseil d’Etat le désavoue, les députés de l’opposition lèvent des lièvres tous les jours sur chaque article du projet (les promesses faites aux enseignants sont anticonstitutionnelles, la retraite à 1000€ garantie à tous est un mensonge, les pensions vont mécaniquement baisser si elles sont appuyées sur toute la carrière plutôt que sur les 25 meilleures années, les carrières hachées seront perdantes, donc les femmes seront perdantes, etc.) mais rien n’y fait, les députés de la majorité se scandalisent de devoir faire leur travail et tentent de retourner l’opinion contre ceux qui font leur travail d’argumentation. Déni de démocratie.
?Macron et co. passent en force avec le 49.3, évitant ainsi de difficiles débats à leurs députés, obligés de défendre un texte à trous, ni fait ni à faire, non constitutionnel, non universel, favorable à la capitalisation, etc. Déni de la séparation des pouvoirs, déni de démocratie.

Bilan : Qui bafoue la démocratie dans ce pays ?

Mais ne nous y trompons pas. Je le répète, dans une démocratie, les corps intermédiaires, et la société civile organisée, ont leur mot à dire. Alors, nous allons continuer à nous lever et à nous battre pour faire dérailler ce projet qui nous promet un futur misérable dans un pays où la production de richesses est énorme et où les principaux opposants au vivre-ensemble et à la solidarité sont à rechercher dans les beaux quartiers, les villes ensoleillées et les paradis fiscaux ! Rien n’est fini, la loi n’est pas encore adoptée, mais il faut se bouger et arrêter d’attendre que l’autre fasse le premier pas à sa place !

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