L'Indigné du Canapé

V pour Vendetta : des phrases cultes pour un message rare et juste

v pour vendetta

Le 5 novembre 1605, un certain Guy Fawkes planifia de faire sauter le Parlement de l’Angleterre pour renverser le Royaume de Jacques Ier. Cette tentative symbolique de coup d’état baptisé « La Conspiration des poudres » et qui devait se prolonger par un soulèvement populaire s’est soldé par un échec, mais l’idée est restée.

Tous les 5 novembre, on célèbre désormais cette tentative de renversement de régime. Cette mode a été remise au goût du jour grâce au succès de la BD V pour Vendetta mais aussi par la naissance des Anonymous. Ces « hackers » altermondialistes à tendance anarchiste ont aussi volé au personnage principal de l’histoire le fameux masque au sourire énigmatique représentant… Guy Fawkes.

Partout en France, partout dans le monde, des marches et autres manifestations pacifiques ont lieu le 5 novembre afin de dénoncer le système actuel, complètement soumis aux pouvoirs de l’argent et de plus en plus totalitaire. Cet anniversaire fait du bien dans le contexte dans lequel nous vivons et afin de le célébrer à ma façon, voici quelques citations extraites de la BD et du film V pour Vendetta dont voici le synopsis :

Londres, au 21ème siècle…
Evey Hammond ne veut rien oublier de l’homme qui lui sauva la vie et lui permit de dominer ses peurs les plus lointaines. Mais il fut un temps où elle n’aspirait qu’à l’anonymat pour échapper à une police secrète omnipotente. Comme tous ses concitoyens, trop vite soumis, elle acceptait que son pays ait perdu son âme et se soit donné en masse au tyran Sutler et à ses partisans.
Une nuit, alors que deux « gardiens de l’ordre » s’apprêtaient à la violer dans une rue déserte, Evey vit surgir son libérateur. Et rien ne fut plus comme avant.
Son apprentissage commença quelques semaines plus tard sous la tutelle de « V ». Evey ne connaîtrait jamais son nom et son passé, ne verrait jamais son visage atrocement brûlé et défiguré, mais elle deviendrait à la fois son unique disciple, sa seule amie et le seul amour d’une vie sans amour…

Énigmatique n’est-ce pas ? Bien plus que le film, la bande-dessinée V pour Vendetta est assez clairement anarchiste, je vous la conseille plus que le long-métrage même s’il est relativement bien réussi !

L’anarchie a deux visages, celui du créateur et celui du destructeur. Le destructeur abat les empires, fait table rase. Pour que le créateur puisse y bâtir un monde meilleur.

Quelles conclusions tirer de cet ouvrage ? Quand le peuple demande toujours plus de sécurité, il élit un gouvernement fasciste qui s’octroie tous les pouvoirs. Alors, comment des hommes qui veulent le pouvoir peuvent-ils l’obtenir ? En créant de l’insécurité, bien sûr ! Cette sécurité est en fait une absence de liberté. Notez le parallèle avec notre société actuelle où le FN et tous les partis qui font leur beurre avec la peur de l’autre connaissent un beau succès.

Les peuples ne devraient pas avoir peur de leurs gouvernements. Les gouvernements devraient avoir peur du peuple.

La vraie liberté, c’est une liberté individuelle exaltée dans le collectif. Et comment se manifeste-t-elle ? Par la création. Le personnage de V ne fait que cela, créer. A travers son personnage et son masque énigmatique au sourire figé, oui, mais surtout à travers ses mots. V ne parle plus, il chante, il déclame, il épouse les rythmes et les formes des valeurs auxquelles il veut croire. Il les incarne, il les sublime. V est une idée :

On me dit de me souvenir de l’idée et non de l’homme, parce que l’homme peut échouer, il peut être arrêté, il peut être exécuté et tomber dans l’oubli alors qu’après 400 ans, une idée peut encore changer le monde. Je connais d’expérience le pouvoir des idées. J’ai vu des hommes tués en leurs noms… et mourir en les défendant. Mais on ne peut embrasser une idée. On ne peut la toucher ou la serrer contre soi. Les idées ne saignent pas, elles ne ressentent pas la douleur… et elles ne peuvent aimer.

V est idée de liberté donc, mais V est aussi idée de justice. Car la liberté, l’homme ne peut l’apprécier que s’il apprend à la partager. La justice est garante de cette équité modulable selon les forces et faiblesses de chacun. Mais comme tout, la justice est influençable, façonnable, modulable… Dans la BD, V se lance dans un beau discours d’amour à la statue surplombant la Cour d’assises, avant de la faire voler en éclat :

Je vous admire depuis longtemps, bien que de plus loin. Je vous regardais de la rue quand j’étais petit.
Je demandais à mon père : « Qui est cette dame ? »
Et il me répondait : « C’est la Justice »
Et je m’exclamais : « Quelle est belle ! »
Ne pensez pas qu’il s’agissait d’un attrait physique. Vous n’êtes pas ce genre de femme, non. Je vous aimais comme une personne, comme un idéal. Mais c’était il y a bien longtemps et j’ai maintenant quelqu’un d’autre dans ma vie.
« Quoi V ? Quelle honte ! M’auriez-vous délaissée pour l’une de ces catins, pour une coquine futile et boudeuse aux lèvres peintes et au sourire enjôleur ? »
Moi Madame ? Permettez-moi d’émettre un autre avis ! C’est votre infidélité qui m’a conduit dans ses bras. Ha ha ! Voilà qui vous surprend. Vous pensiez que je n’avais jamais eu vent de votre aventure, mais je suis au courant. Je sais tout ! Franchement, je n’ai pas été surpris quand je m’en suis aperçu. Vous aviez toujours eu un penchant pour les uniformes.
« Uniformes ? Mais je ne sais rien de cela, mon cher V. Je n’ai toujours aimé que vous…. »
Menteuse, salope, putain ! Comment nier que tu l’as accueilli avec ses galons et ses bottes ? Alors, tu as perdu ta langue ? C’est bien ce que je pensais. Voilà, ton vrai visage est dévoilé. Tu n’es plus ma justice, tu es sa justice maintenant. Tu as choisi un autre amant…

Un système qui régit les hommes en leur garantissant une certaine sécurité ou protection en échange de leur liberté et d’une justice inaltérable, c’est un système totalitaire ou sur le point de le devenir. Lisez ce qu’écrivait Alan Moore (l’auteur de V pour Vendetta) dans sa préface, en mars 1988 :

Au moment où j’écris ces lignes, en 1988, Mme Thatcher commence son troisième mandat et parle d’un pouvoir conservateur fermement établi au moins jusqu’au siècle prochain. Ma fille a sept ans, et la presse tabloïd fait circuler l’idée de camps de concentrations pour les victimes du SIDA. La nouvelle police anti-émeutes porte des casques à visière teintée noire, comme les œillères de ses chevaux. Ses camionnettes disposent de caméras montées sur le toit. Le gouvernement a exprimé le net désir d’éradiquer l’homosexualité, même en tant que concept abstrait. On en est à se demander quelle sera la prochaine minorité à subir les foudres législatives. J’en viens à souhaiter de quitter le pays dans les deux ans qui viennent. Il est devenu froid, mauvais, et je ne l’aime plus tellement.
Bonne nuit à l’Angleterre.
Bonne nuit à la pop et au V de la Victoire.
Bonjour à la voix du Destin, et à V pour Vendetta.

Nous sommes toujours en plein dans cette réalité froide et inhumaine, n’est-ce pas ?

Pour conclure sur une œuvre aussi intense et poétique que V pour Vendetta, un autre V, Victor, Victor Hugo qui disait : « Il n’est rien au monde de plus puissant qu’une idée dont l’heure est venue ».

En espérant de tout cœur qu’un vent nouveau portant loin et haut les idées légères et fraternelles repoussera dans les abysses les nuages gris et sévères des partisans de l’ordre autoritaire…

Peace !

 

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