
Cette contribution est signée Sarah Goutaou :
« Lorsqu’un pays sort de guerre et se reconstruit, les stigmates des affrontements persistent pendant plusieurs années après la paix. Les traumatismes sont légions. Qu’ils soient physiques ou psychologiques. La guerre marque les peuples au fer rouge.
Dans dix ans, dans vingt ans, quand on croisera un homme, une femme borgne, on saura. On saura quoi dire à nos enfants. On saura leur expliquer comment c’est arrivé, faute de pouvoir dire pourquoi. On connaîtra l’histoire sans connaître les gens.
Ces yeux en moins, mangés par le gouvernement inactif, par des ordres flous, sont les stigmates douloureux que notre pays portera pendant plusieurs décennies. Je ne sais pas si nous sommes en guerre. Je ne sais pas sur quoi va déboucher tout ça. Je sais juste que ces yeux resteront le symbole d’une France écartelée. Ces visages mutilés rappèleront longtemps la lutte qui a été la leur. Nous les croiserons parfois au détour d’une rue et nous saurons qu’un jour, leur vie a basculé.
Ils sont les yeux de la colère. Et jamais nous ne pourrons ignorer leur histoire. »
