L'Indigné du Canapé

Casser l’engrenage capitaliste, révéler la stratégie de la classe dominante

Ils le feraient exprès qu’ils ne pourraient pas faire pire… En rédigeant et adoptant un texte « à la va-vite » contre les types de fraudes révélées par les Cum-Ex Files, les députés de la majorité LREM ont pondu une loi rendant le bouclier anti-fraude quasi inopérant.

Traduction : ils disent se battre contre la fraude fiscale, mais ils créent des lois qui la permettent et l’encouragent. Exactement le même constat que celui fait lors de l’adoption de la loi Secret des Affaires qui rend coupables ces héros modernes qu’on appelle « lanceurs d’alerte » : on préfère protéger les grosses entreprises qui fraudent plutôt que de les « petits » qui mettent leur vie en danger pour le bien-être de tous.
Et pourtant, ce ne sont pas les scandales fiscaux qui manquent : ils sont nombreux a avoir été révélés ces 5 dernières années, et on parle à chaque fois de dizaines de milliards d’euros.
Rappel : l’exil fiscal (qui représente en France 80 milliards d’euros par an, au bas mot) nous vole plus de 130 euros net sur notre fiche de paie… PAR MOIS ! 

Mais alors, pourquoi les politiciens ne se liguent pas contre ce système opaque et injuste ? C’est bien simple. Le meilleur moyen de tenir un peuple docile, c’est de le mettre dans une situation où il se sent responsable de tout, et pas en mesure de relever la tête. C’est notre cas, depuis les années 70-80. Certes, il y a eu les crises pétrolières et un ralentissement de la croissance, mais les réformes financières et la mondialisation économique ont aussi leur part de responsabilité :
– la fraude fiscale à grande ampleur qui est permise par les 3D (« déréglementation-décloisonnement-désintermédiation) des systèmes financiers engendre des déficits, qui engendrent des dettes (le peuple a vécu au-dessus de ses moyens, disent-ils), dettes avec des intérêts qui s’accumulent (effet boule de neige) et qu’il faut rembourser, dettes qui font fonctionner ce même système financier, dettes qui déclenchent des politiques (au niveau européen) générant de l’austérité, puis du chômage, et même de la pauvreté…

Tout cet engrenage qui s’auto-entretient met en difficulté les services publics et la Sécurité Sociale, qui doivent faire plus, c’est-à-dire assumer plus de dépenses (car le nombre de chômeurs augmente, tout comme le nombre de retraités, voire le nombre de malades dans une société où les conditions de vie baissent pour les moins intégrés) avec moins de recettes (car les rentrées fiscales baissent, vu qu’il y a de moins en moins de travailleurs en CDI et que les plus riches et les grandes entreprises bénéficient d’impôts qui baissent et font MALGRÉ TOUT des montages voire des exils fiscaux)…

Ces conditions sociales qui se détériorent (adieu les petites lignes de train, adieu La Poste dans les villes de moins de 1000 habitants, adieu le centre d’impôt ou le petit hôpital de province) entraînent une incompréhension, et bientôt une rage de la population… Où passe l’argent de nos impôts ? Dans le service de la dette, Messieurs-Dames, et il faut bien combler le « trou de la Sécu »… trou causé par un effondrement de la richesse publique liée à… la baisse des impôts sur les fortunes immobilières et mobilières (les actions et dividendes) et les patrimoines des plus riches. Dites merci aux « grands » de ce pays…

Et comme les médias ne mettent que trop rarement la focale sur les liens existant entre l’exil fiscal et le poids de la dette ou la dégradation des services publics par exemple (mais font de nombreux, très nombreux sujets sur les migrants, les banlieues, la radicalisation, etc.), des connexions se font peu à peu entre paupérisation et immigration (liens qui n’ont rien d’évident, bien au contraire).

Car pour boucler la boucle et tenir le peuple, rien ne vaut un bon vieux subterfuge : agiter le spectre du FN. Messieurs-Dames, il faut élire n’importe quel candidat (de droite, ou libéral tout du moins) plutôt que le candidat d’extrême droite, qui pourtant, dans les faits, va appliquer peu ou prou la même politique.
Et malgré tout, au quotidien, les médias ne font que ça, servir la soupe au FN, avec leurs sujets au ras des pâquerettes et leur absence d’esprit critique (par principe, il ne faut pas critiquer l’UE, il ne faut pas critiquer la mondialisation, il ne faut pas critiquer la Françafrique, etc.).
Et que dire des hommes politique ? Rappelons quand même que Macron s’est fait élire sur un programme considéré comme centriste, qu’il était encore au PS il y a deux ans, et que son parti a pondu une loi « Asile Immigration » applaudie par la droite et l’extrême droite !
Voici des raisons objectives qui font que le FN est très (trop) soutenu : on le favorise pendant 4 ans et demi, avant de le diaboliser les 6 mois avant l’élection.

Mais ne vous y trompez pas : le seul vrai danger pour l’oligarchie capitaliste (les bourgeois, les grands patrons de multinationales, les hommes politiques sortis des Grandes Ecoles, les « prestigieux » journalistes parisiens), ce sont les idéologies qui refusent le capitalisme, qui veulent sa chute : ces idéologies sont toutes nées à gauche toute, ne nous y trompons pas, même si le mot « gauche » a été dévasté par le PS et n’évoque plus une frontière historique qu’il est censé représenter par rapport à la logique d’exploitation capitaliste. 

Malgré tout, ce n’est pas pour rien que toutes les initiatives qui sont marquées comme étant très à gauche sont immédiatement décrédibilisées, jugées irréalistes, utopistes ; car elles sont en réalité catastrophiques, mais uniquement pour ceux que l’on voit à la TV, ceux qui tendent les micros et ceux qui répondent, journalistes et politiciens, journalistes et hommes d’affaires, bref, les grands gagnants de ce capitalisme ultra-libéral et mortifère.

Que voit-on quand on creuse un peu les idées radicales de gauche ?
Lisez les textes, décortiquez les programmes. On voit de l’égalité et de la fraternité. On voit une devise bien belle, et bien abandonnée chez les dominants, les « réalistes » (de quoi ?), au profit de la leur, celle du libéralisme le plus décompléxé : « Liberté, concurrence, finance ».

Laquelle des deux préférez-vous ?

 

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Sources :

Le Monde : https://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2018/12/20/cumex-files-les-deputes-ont-vide-le-dispositif-anti-fraude-de-sa-substance_5400294_4355770.html

Le Comptoir : https://comptoir.org/2018/12/18/la-strategie-du-starve-the-beast-ou-lart-de-tuer-la-solidarite-nationale

Libération : https://www.liberation.fr/debats/2018/12/21/la-devise-liberte-concurrence-finance-a-remplace-celle-de-liberte-egalite-fraternite_1699001

Vidéo du passage de Thomas Piketty sur On n’est pas couché

CaptainEconomics : http://www.captaineconomics.fr/-en-pourcentage-du-revenu-qui-paye-le-plus-d-impots-les-classes-moyennes

 

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