Un sondage récent de l’Ifop repris par Metronews a capté mon attention, avant de provoquer mon indignation : à l’occasion de la commémoration de la Libération de la Seconde guerre mondiale, on a demandé aux Français quels pays avaient le plus contribué à la défaite de l’Allemagne et à la victoire alliée, et le résultat est sans appel.. Pour 54% des gens, les sauveurs sont les États-Unis !
Ce qui est rigolo (ou triste, c’est selon votre humeur du moment), c’est qu’en 1945, à la même question, la réponse était inversement proportionnelle ! La majorité des gens sondés répondaient que c’était bien l’URSS qui avait sauvé l’Europe d’un futur sous les bannières gammées…
Vous me direz : « C’est normal, en 1945, il existait en France un anti-américanisme primaire qui a duré, notamment avec l’influence de De Gaulle. Tandis qu’aujourd’hui, les ennemis sont plutôt à chercher du côté de la Russie, blablabla »…
La logique n’est pas fausse, sauf que vous oubliez un point très important : l’Histoire, la vraie. Et quand on se réfère aux chiffres, aux études, aux livres qui ont été écrits, il est aisé de constater que c’est bien l’URSS qui a sauvé l’Europe. Surtout l’Europe de l’Est, certes, mais sans les forces russes, jamais les Alliés n’auraient battus les Nazis.
La réalité est en revanche toute autre du côté américain. Les USA ne sont entrés en guerre que tard, et uniquement parce qu’ils ont commencé à avoir peur pour leur peau et leur territoire (cf. Pearl Harbor, 1941). Autrement, ils ne seraient peut-être jamais intervenus sur le sol européen.
De plus, leur intervention ne fut pas gratuite : elle leur a permis de mettre en place des accords financiers, économiques et culturels très inégaux qui font qu’aujourd’hui encore, toute l’Europe occidentale EST américaine : elle mange McDo, boit Coca, marche Nike et se divertit Hollywood, le niez-vous ?
C’est aussi ce qui explique les résultats de ce sondage. Mais ces résultats sont très graves car ils témoignent d’une réécriture de la réalité et d’un très haut niveau d’ignorance. Cette ignorance très largement diffuse est donc enseignée, acceptée. Ce qui est une catastrophe.
L’Histoire a une importance capitale dans la construction d’une pensée. Pour penser qui l’on est, pour penser le pays dans lequel on vit, pour penser le futur avec cohérence. Problème : l’Histoire est manipulée, on le voit bien.
Ceci n’est pas une nouveauté, je ne vous apprends rien. On a coutume de dire que l’Histoire est écrite par les vainqueurs, et ce n’est pas qu’un effet de style. On se doute bien que si les dirigeants de l’Allemagne nazie avaient écrit leur version de l’Histoire, elle aurait été bien différente. De même que si les pays colonisés avaient eu voix au chapitre pour écrire les Histoires des pays colons, par exemple… On touche ici de près au principe de la propagande.
« La propagande est un ensemble d’actions psychologiques influençant la perception publique des événements, des personnes ou des enjeux, de façon à endoctriner ou embrigader une population et la faire agir et penser d’une manière voulue. »
Wikipédia
Quand l’Histoire est réécrite par une main intéressée
Il est dans l’intérêt de l’autorité au pouvoir de mettre en avant une Histoire qui lui convient : qu’elle soit partiellement vraie, ou carrément fausse. D’autres exemples me viennent en tête. Ils sont parfois tout petits, presque dérisoires, mais ils sont d’une importance capitale !
Ces derniers mois, on a entendu souvent parler de mairies (de droite et d’extrême droite) désirant peu à peu effacent les traces de l’histoire de gauche française. Cela passe notamment par le fait de changer le nom des rues et des places comme ça a été le cas à Argenteuil ou plus récemment, à Villejuif, où George Marchais a disparu de la carte.
Cela passe aussi par des citations sorties de leurs contexte, ou des figures emblématique secouées qui doivent – les pauvres – se retourner dans leur tombe : quand on entend Sarkozy citer Jaurès qui était un socialiste de la première heure, fondateur de l’Humanité et presque plus à gauche que le PC actuel, ou Valls dire que ce même Jaurès aurait sans doute voté son pacte de responsabilité, ça fait mal…
Il est évidemment que les mots maniés avec soin par ces experts de la communication qui nous servent de politiciens, nous manipulent de manière très sournoise. Rappelons une fois encore comment on a réussi à faire du mot « anarchie » un synonyme du mot « chaos » alors qu’il signifie littéralement « sans hiérarchie ». L’absence de hiérarchie = le chaos ? Rappelons comment des mots opaques comme restructuration, développement durable, projet ont avantageusement remplacé les licenciements, la croissance économique et l’aliénation au système…
Rappelons aussi que ce que l’on appelle démocratie est tout sauf la démocratie aujourd’hui. Précisons enfin – car la liste est très longue – que le clivage gauche-droite est un véritable leurre et que toutes les personnes de gauche qui votent encore pour les socialistes (qui n’ont de socialiste que le nom) se trompent parfaitement d’ennemi.
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Rappelons-nous aussi de ces médias qui, à force d’utiliser la peur et de faire des amalgames, créent des incompréhensibles logiques dans l’esprit des gens. Par exemple, aujourd’hui, la plupart des Français considèrent les gens du voyage français comme des immigrés clandestins roumains ou d’ailleurs. De plus en plus de gens ne comprennent plus la logique d’intégration chère à la France jusque dans les années 80. Ils stigmatisent, parlent de « français de souche » et pratiquent le racisme ordinaire comme s’ils discutaient du beau temps. Tout ceci, c’est de l’ignorance.
Et ce n’est certainement pas avec les moyens ridicules donnés aux enseignants de France et avec les Lois de sécurité que l’on va inverser la tendance.
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Réécrire l’Histoire et encourager l’ignorance conduit à une chose très simple : les conflits de groupes. Diviser pour mieux régner est un adage qui a la dent dure. Plus vite on en sera conscient, plus vite on tentera de corriger nos propres erreurs dans nos relations aux autres en encourageant la solidarité, plus vite on saura se retourner vers ceux qui posent les vrais problèmes : ceux qui ont de l’autorité !
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Sources : lescrises.fr, Metronews, Ifop
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