L'Indigné du Canapé

Les réactions à la guerre Israël-Gaza : deux salles, deux ambiances

Dans cette guerre (coloniale), entre Israël et Gaza, peut-on dire que tous les torts reviennent au Hamas, mais aussi aux Palestiniens, aux membres de LFI, à tous les Musulmans de France, à ceux qui veulent manifester pour la paix ?

Et peut-on dire en parallèle que l’armée israélienne, la politique coloniale israélienne, les gouvernements soutenant aveuglément l’attaque démesurée de Tsahal, l’extrême droite française, sont parfaitement neutres, objectifs et mesurés dans cette affaire ?

Non, clairement.

A droite, les grands champions !

A droite ou plutôt à l’extrême droite, on a un parti (le RN) qui a été créé par d’anciens SS (d’authentiques nazis donc) et par des gens qui ont mené une guerre coloniale en Algérie. Et pourtant, ce seraient eux les défenseurs des Juifs et des opprimés…

Ce même parti d’extrême droite a des accointances avec des groupuscules ouvertement antisémites (le GUD, Maxime Sanial des « Arts enracinés »), et possède des élus antisémites notoires (Boccaletti et son ancienne librairie antisémite).

Il a aussi en son sein un Julien Odoul, homme dangereux qui acquiesce quand on l’invite à « éradiquer Gaza et LFI » lors d’un manif avec le CRIF.

On a des néonazis prêts à commettre des attentats (visant essentiellement soit des Juifs, soit des Musulmans) un peu partout en Europe. Et qui, accessoirement, menacent aussi différentes personnalités de gauche, dans le silence assourdissant des médias et des dirigeants…

On a Enrico Macias qui dit vouloir « dégommer physiquement » LFI.

On a des intervenants qui proposent à la télé une solution de « déportation » des Gazaouis…

On a des élus israéliens voulant couper tout moyen de survie aux Palestiniens de Gaza, d’autres les traitant d’ « animaux humains ».
On a un chef du gouvernement qui affirme que lui et son peuple sont « la lumière » (tandis que leurs ennemis seraient « l’obscurité ») et qu’ils doivent « mener à bien [leur] prophétie ».

On a des membres de notre gouvernement cette fois (Renaissance) qui parlent de « soutien indéfectible » à ce gouvernement israélien d’extrême droite, malgré les milliers d’enfants, de femmes et d’hommes attaqués et tués ces derniers temps par l’armée israélienne, malgré les condamnations internationales, malgré le fait que cet état est colonial et contrevient au droit international depuis des dizaines d’années.

Et d’autres membres de ce même gouvernement se mettant en porte-à-faux avec la Constitution en interdisant des manifestations de soutien au peuple palestinien et en interprétant tout geste (un drapeau palestinien, un « Allah ou Akbar ») comme une agression ou pire, de l’antisémitisme.
On a encore d’autres politiciens de droite et d’extrême droite qui font des amalgames entre le Hamas, les Palestiniens et l’immigration en France pour faire peur dans les chaumières (et ces amalgames sont 100% racistes).

Tout cela est vrai. C’est du factuel, sourcé, pas de l’interprétatif. Mais ça n’intéresse pas les grands médias. Rien n’est grave, tout est normal. Il faut faire bloc disent-ils. Et le racisme soude !

A gauche, les outsiders (les « mis de côté ») !

De l’autre côté (dans le monde scientifique, à gauche, et dans la gauche plus radicale), on a qui ?
On a des intervenants à la télé (souvent chercheurs, historiens, sociologues) qui réclament de la remise en contexte, un peu d’Histoire, pour ne pas sombrer dans l’émotionnel et le parti pris… Et on leur reproche souvent d’expliquer, car comme on l’entend souvent (alors que c’est parfaitement faux et idiot), « expliquer, c’est un peu excuser ».

Par exemple, en démontrant qu’il y a de nombreux morts palestiniens en Cisjordanie, depuis le début d’année mais aussi depuis des années, uniquement pour du vol colonial, et alors que le Hamas est totalement absent de ce territoire, ils montrent que l’armée israélienne n’est pas juste, mais ça ne fait pas de vague :

On a des responsables politiques qui eux aussi tentent de ramener du contexte, des explications, de la nuance, qui refusent de jeter l’opprobre entièrement sur les Palestiniens et aucunement sur Israël… Et on les somme de se positionner de manière morale (« condamnez-vous » ?, « de quel côté êtes-vous » ?) sans prendre en considération leurs propos.

On a des tweets et des prises de parole qui tentent de ne pas faire dans le deux poids deux mesures… Et qui sont immédiatement pointés du doigt comme anti-israéliens, voire antisémites.

On a de ce côté la volonté de faire de la pédagogie, de mettre des visages sur les morts, de faire de l’humour (cynique) pour sensibiliser, pour faire entendre les points de vue qu’on ne veut pas entendre. Mais c’est une nuance qui peine à se frayer un chemin sur les grands plateaux.

Une publication partagée par Crazy Sally (@sally)

On voit la volonté de condamner, avec la force et les termes du Droit, les deux partis comme commettant des actes de barbarie, des crimes de guerre, et le refus logique qu’une armée d’un Etat souverain et colonial soit considérés comme ayant un plus faible niveau de responsabilités que le groupe de défense d’un proto-Etat colonisé.

On a aussi des Juifs modérés, nuancés, totalement invisibilisés dans l’espace médiatique, qui tentent de faire des ponts entre les deux Etats, les deux peuples, les deux religions. Avec un vrai discours politique, et pas moral.

Bref. On a beau chercher et trouver quelques voix discordantes, quelques discours mettant de la nuance, du contexte historique et politique, prônant la paix, proposant des solutions, face à eux, on ne voit que des réponses creuses et émotionnelles, parfois agressives voire mensongères. Des postures qui singent la décence.

Ce qu’on reproche à la gauche et à toute position ne défendant pas aveuglément Israël (et sa politique d’extrême droite) ne se base que sur de la rhétorique. Il n’y a plus de contenu politique chez les adversaires et critiques du camp du progrès et de la paix, que des postures. Pourtant, le droit international, l’Histoire, et même la morale est du côté de ceux qui interprètent les choses à la lumière du contexte.

Si on refuse de parler de la guerre coloniale menée par Israël, si on refuse de parler des politiques d’apartheid, de la spoliation, des vexations, des arrestations arbitraires, du contrôle des moyens de subsistance de populations enclavées par l’entité extérieure que représente la puissance israélienne, si on refuse de parler des nombreuses morts que ce gouvernement fait au nom d’un véritable suprémacisme (politique, territorial, religieux), on ne peut pas réfléchir ni aux actions du groupe armé palestinien du Hamas (qui oui est islamiste et commet des actes terroriste, qu’on le qualifie de terroriste ou non). On ne peut donc prendre une position juste, on ne peut donc pas chercher et promouvoir clairement et sereinement une solution de paix.

Espérons au moins qu’au fil du temps, celles et ceux qui adoptent une position juste et pacifique gagneront l’opinion populaire, le soutien des masses.

La justice requiert la paix. Sans justice, pas de paix.

L’ I

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