L'Indigné du Canapé

Frantz Fanon et « le muscle du colonisé »

Cette contribution provient de Twitter et est signée par Le monteur décolonial :

« La première chose que l’indigène apprend, c’est à rester à sa place, à ne pas dépasser les limites. C’est pourquoi les rêves de l’indigène sont des rêves musculaires, des rêves d’action, des rêves agressifs. »

Quelques extraits :
« Je rêve que je saute, que je nage, que je cours, que je grimpe. (…) Face à l’arrangement colonial, le colonisé se trouve dans un état de tension permanente. »

« Les symboles sociaux – gendarmes, clairons sonnant dans les casernes, défilés militaires et le drapeau là-haut – servent à la fois d’inhibiteurs et d’excitants. Ils ne signifient point : « Ne bouge pas », mais : « Prépare bien ton coup » ».

« Cette impulsion à prendre la place du colon entretient un tonus musculaire de tous les instants. On sait, en effet, que dans des conditions émotionnelles données la présence de l’obstacle accentue la tendance au mouvement ».

« La tension musculaire du colonisé se libère périodiquement dans des explosions sanguinaires : luttes tribales, luttes de çofs [parties d’un clan kabyle], luttes entre individus. » 

« Cette agressivité sédimentée dans ses muscles, le colonisé va la manifester d’abord contre les siens. C’est la période où les n*** se bouffent entre eux et où les policiers, les juges d’instruction ne savent plus où donner de la tête devant l’étonnante criminalité Nord-africaine« . Alors que le colon ou le policier peuvent, à longueur de journée, frapper le colonisé, l’insulter, le faire mettre à genoux, on verra le colonisé sortir son couteau au moindre regard hostile ou agressif d’un autre colonisé. »

« Car la dernière ressource du colonisé est de défendre sa personnalité face à son congénère. En se lançant à muscles perdus dans ses vengeances, le colonisé tente de se persuader que le colonialisme n’existe pas » « Autodestruction collective très concrète dans les luttes tribales, telle est donc l’une des voies par où se libère la tension musculaire du colonisé. » 

« Par leur désir permanent de nous tuer, par la contracture permanente de muscles puissants qui ont peur de se dénouer, ils sont hommes : PAR le colon, qui les veut hommes de peine, et CONTRE lui. « 

« Aveugle encore, abstraite, la haine est leur seul trésor : le Maître la provoque parce qu’il cherche à les abêtir, il échoue à la briser. « 

« La relaxation du colonisé, c’est précisément cette orgie musculaire au cours de laquelle l’agressivité la plus aiguë, la violence la plus immédiate se trouvent canalisées, transformées, escamotées. » 

« [Ces] démonstrations musculaires ont fait dire à des hommes très savants que le colonisé est un hystérique. » 

« Cette violence, pendant toute la durée de la période coloniale, quoique à fleur de peau, tourne à vide. Nous l’avons vue canalisée par les décharges émotionnelles de la danse ou de la possession. Nous l’avons vue s’épuiser en luttes fratricides. » 

« Le problème se pose maintenant de saisir cette violence en train de se réorienter. Alors qu’elle se complaisait dans les mythes et qu’elle s’ingéniait à découvrir des occasions de suicide collectif, voici que des conditions nouvelles vont lui permettre de changer d’orientation ».

Toutes les citations viennent des Damnés de la terre de F. Fanon.

Lire aussi : Peaux noires, masques blancs, de F. Fanon

Un livre à lire pour plein de raisons mais aussi parce qu’il offre une explication de la violence chez les colonisés (ou post-colonisés) meilleure que les explications sociologiques et économiques habituelles. »

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