La même semaine, en France, on a eu un crime qu’on peut rattacher à l’idéologie d’extrême droite, et un autre qu’on peut qualifier d’islamophobe et raciste.
Acte 1 : Un jeune marginalisé, fasciné par Hitler et le nazisme, a tué et blessé dans un lycée privé à Nantes, le jeudi 24 avril. Sur la plupart des plateaux télé, on ignore plus ou moins sciemment les faits reliant ce jeune à des idées d’extrême droite. « Aucun mobile certain », nous dit-on. Le ministre de l’Intérieur, membre de LR proche des idées de l’extrême droite, s’est immédiatement rendu sur place et a défendu quoi ? Plus de fermeté, plus de sévérité, plus de répression. LOL.
Acte 2 : Le lendemain, 25 avril, un homme a tué un Malien, fidèle musulman, à l’intérieur d’une mosquée près d’Alès, en insultant Allah et en filmant la scène. La piste d’un acte antimusulman n’est « pas la seule explorée » (ah ?). Le ministre de l’Intérieur, membre de LR proche des idées de l’extrême droite, avait piscine ce jour-là et ne s’est rendu sur les lieux que deux jours plus tard… LOL.
Ces deux faits en disent long sur le climat qui règne dans notre société.
Déjà, on fait tout pour ne pas relier des faits divers sordides à l’extrême droite : admirer Hitler ne suffit pas à faire de vous quelqu’un d’extrême droite, et on ne ramène jamais le RN à ces faits divers. Alors qu’on adore créer de la confusion entre, par exemple, le fait de manifester contre les crimes contre l’Humanité perpétrés en Palestine (ce qui est quasiment criminalisé en France, voyez le renversement des valeurs du pays « des droits de l’Homme ») et une soi-disant inclination antisémite de LFI (voyez à quel point le « raisonnement » est tiré par les cheveux). Et pareil, on n’a aucun souci, lors de crimes perpétrés au hasard en banlieue ou par des personnes à patronyme maghrébin, à faire un lien avec l’Islam, donc l’islamisme, donc l’islamogauchisme, donc LFI… LOL.
De plus, quand on est de droite, donc pour un ordre social strict et pour des hiérarchies qu’on ne remet pas en cause, on ne comprend pas les dynamiques sociales, donc on ne fait qu’amplifier les problèmes qu’on dit vouloir résoudre. Non, un gamin marginalisé, esseulé, peut-être à tendance suicidaire ou schizophrène ne suivra pas le droit chemin avec plus d’ordre et de discipline. Tu as tout faux Retailleau ! Il doit être mieux accompagné, dans des classes plus petites, bénéficier de davantage de suivi psychologique voire psychiatrique. Bref, plus d’éducation, plus de soins, plus de liens. La solution est donc – entre autres – dans davantage de services publics, davantage de temps en dehors du temps scolaire ou professionnel pour faire société hors capitalisme : exactement ce à quoi s’oppose les droites.
De la même manière, ce qui se passe dans de nombreux établissements (cathos) privés est le résultat d’une défaillance des institutions de contrôle (publiques) sur le privé : ce n’est pas le résultat d’individus isolés, mais le résultat d’un système permis par le fait qu’on donne au privé (qui n’a jamais de comptes à rendre) toute la latitude du monde, au détriment du public. Là encore, la privatisation à tout crin, la concurrence à tout prix, sont des credo de droite qui défont la société.
Enfin, la tendance au « deux poids deux mesures » est insupportable. On le voit dans la réaction de Retailleau face à ce meurtre islamophobe sordide, on le voit dans la gestion des lycées privées selon leur confession, on le voit dans la manière dont les médias traitent les massacres en Palestine ou comment ils évoquent les partis dits « extrêmes », etc. Et ça aussi, ça détruit le tissu social. Non Messieurs les droitards, ce ne sont pas les antiracistes ou les assos LGBTQ qui détruisent le lien social en cherchant à gommer les vicissitudes du monde, mais bien celles et ceux qui cherchent à effacer ces causes, invisibilisant du même coup des milliers de souffrances…
C’est dramatique.
Mais nous sommes un peuple dramatiquement peu politisés car on laisse faire, voire pire, on en redemande.
On l’aura, le trumpisme à la française, les déportations massives, les arrestations arbitraires, les luttes imaginaires contre « l’état profond » et le « wokisme » permettant de mettre sous cloche le creusement des inégalités… Et rien de bon ne sortira de ces dynamiques de violences politiques, qui entraineront de la violence sociale, ce qui sera le prétexte à toujours plus de violence politique, le seul et unique credo de la droite.
