L'Indigné du Canapé

La maladie du pouvoir existe : découvrez le syndrome d’Hubris

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L’enseignante et résistante anarchiste Louise Michel avait-elle entendu parler du syndrome d’Hubris, la maladie du pouvoir ? On pourrait le croire à la lecture de l’une de ses citations les plus célèbres : « Le pouvoir est maudit, c’est pour cela que je suis anarchiste ».

Lire aussi : « Pour Tout Transformer », l’appel anarchiste qui parle à TOUT le monde !

Rares sont les exemples de « leaders » (chefs de multinationales, chefs d’Etats, présidents d’organisations internationales, etc.) qui ont été bons et justes au point de faire reculer leur propre autorité au nom du Bien Commun qu’ils sont censés défendre, au-delà des petits intérêts économiques ou stratégiques à court terme.

Du coup, on pourrait facilement penser que tous les hommes qui recherchent le pouvoir sont mauvais. Mais… Et si c’était le contraire ? Et si c’était l’autorité que confère le pouvoir qui pervertissait les hommes ?

Les philosophes et auteurs de théâtre grecs (comme Aristote et Platon) parlaient d’« hubris » ou « hybris » lorsqu’un héros, tout excité par ses réussites personnelles, commençait à se prendre pour un Dieu. Souvent, les conséquences de cette arrogance étaient funestes… La psychanalyse s’est emparée de ce terme intraduisible en français mais dont le sens se rapproche d’un « orgueil démesuré ».

En psychanalyse donc, on parle de « syndrome d’hubris » lorsqu’une personne fait preuve de « narcissisme, d’arrogance, de prétention, d’égotisme, voire de manipulation, de mensonge et de mépris » en réaction à son pouvoir. Pire, son pouvoir lui confère un sentiment d’invulnérabilité et de toute-puissance.

Au XVIIe siècle (1670), Pascal dans ses Discours sur la condition des Grands réfléchissait déjà à l’utilité cruciale d’éduquer les Puissants à leur propre condition d’êtres humains, normaux et mortels :

« Surtout ne vous méconnaissez pas vous-même en croyant que votre être a quelque chose de plus élevé que celui des autres […] Car tous les emportements, toute la violence, et toute la vanité des Grands vient de ce qu’ils ne connaissent point ce qu’ils sont. « 

L’hubris est visible de tous, sauf du principal concerné et de ses partisans. C’est assez drôle de voir à quel point cette pathologie colle à l’ensemble de nos élites, ou presque. Qui ne voit pas un Nicolas Sarkozy, un Manuel Valls, une Marine Le Pen, un BHL ou un Finkielkraut, un Soral, un Obama ou un Poutine derrière la description de ce syndrome ?

Ces hommes qui se croient des demi-dieux sont pourtant soumis aux mêmes règles naturelles que tous les autres. Même s’ils semblent parfois l’avoir oublié…

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Il parait normal pour une personne qui gagne 1 000 euros de chercher à gagner 1 100 euros. Mais est-ce normal pour une personne qui gagne 100 000 euros de chercher à gagner 110 000 euros, sachant que cette augmentation se fera toujours au détriment de ceux qui n’ont que 1 000 euros ? Et cette logique s’applique de la même façon au niveau du pouvoir d’un homme sur d’autres hommes…

La politique du « toujours plus » est un danger et ceux qui la mènent sont des personnes dangereuses. Mais on apprend aujourd’hui qu’ils souffriraient d’une maladie. Finalement, c’est un peu rassurant.

En 2008, David Owen a sorti le livre In Sickness and in Power (Dans la maladie et le pouvoir) qui analyse le rôle prégnant du syndrome d’Hubris dans les décisions des hommes de pouvoir américains et britanniques. Il compile également les symptômes permettant de reconnaître cette maladie du pouvoir.

Les 14 symptômes du syndrome d’Hubris (il faut avoir 3 symptômes pour être considéré comme atteint)

1 – Inclination narcissique à voir le monde comme une arène où exercer son pouvoir et rechercher la gloire.
2 – Prédisposition à engager des actions susceptibles de présenter l’individu sous un jour favorable, c’est-à-dire pour embellir son image.
3  -Attrait démesuré pour l’image et l’apparence.
4 – Façon messianique d’évoquer les affaires courantes et tendance à l’exaltation.
5 – Identification avec la nation ou l’organisation, au point que l’individu pense que son point de vue et ses intérêts sont identiques à ceux de la nation ou de l’organisation.
6 – Tendance à parler de soi à la troisième personne ou à utiliser le « nous» royal.
7 – Confiance excessive en son propre jugement et mépris pour les critiques et les conseils d’autrui.
8 – Impression d’omnipotence sur ce que l’individu est personnellement capable d’accomplir.
9 – Croyance qu’au lieu d’être responsable devant ses collègues ou l’opinion publique, le seul tribunal auquel il devra répondre sera celui de l’histoire.
10 – Croyance inébranlable que le jugement de ce tribunal lui sera favorable.
11 – Perte de contact avec la réalité, souvent associée à un isolement progressif.
12 – Agitation, imprudence et impulsivité.
13  – Tendance à accorder de l’importance à leur« vision », à leur choix, ce qui leur évite de prendre en considération les aspects pratiques ou d’évaluer les coûts et les conséquences.
14 – Incompétence « hubristique », lorsque les choses tournent mal parce qu’une confiance en soi excessive a conduit le leader à négliger les rouages habituels de la politique et du droit.

Alors, êtes-vous atteint ? Ce qui est certain, c’est que la grande majorité de nos « élites » souffrent de cette maladie.

Nous avons tous du pouvoir : le pouvoir de faire du vélo, le pouvoir de sourire, le pouvoir de faire du bien à ses proches. Le pouvoir devient néfaste lorsqu’il confère une autorité d’une personne sur une autre.

C’est pour cela que je défends une société sans hiérarchie. C’est pour cela que l’anarchie est une cause noble que je vous invite à découvrir.

Lire aussi  : Anarchie et décroissance : réflexion globale pour sortir du capitalisme (1)

Peace.

 

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Source : psy-luxeuil.fr

4 commentaires

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  • il est un besoin indéniable qu’on pourrait nommer « garde fou »… la proposition de révocabilité des élus me séduisait particulièrement. on pourrait également l’assortir de conditions à la réussite… le paiement de la rente d’après mandat qui pourrait être conditionnée au bilan des actions et résultats pour la société.
    ce n’est tout de même pas normal que quoi qu’il se passe, quoi qu’ils fassent, on continue de les rémunéré jusqu’à la fin de leur vie même s’ils n’ont fait qu’entasser la population plus que de la relever.

  • Les Grecs avaient inventé un outil pour calmer les ardeurs des citoyens avides de pouvoir : l’ostracisme. Bannissement voté par l’assemblée populaire et qui obligeait le condamné à quitter la ville pendant dix ans, cela le coupant de ses réseaux. Il ne perdait rien, sauf son influence. Ce serait tellement sécurisant de pouvoir réintroduire ce fusible…

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