L'Indigné du Canapé

Keny Arkana : l’ascension d’un enfant du Cinquième Soleil (part 2)

keny-arkana

Keny Arkana est une artiste contestataire, corps et âme. Plongée dans l’enfer du système dès son plus jeune âge, elle a su relever la tête, se mettre debout et marcher d’un pas décidé vers sa Vérité. Accompagnée par ses sœurs et frères, elle détient pour seule arme un haut-parleur ; pour mieux transcender le cœur des inadaptés au système et pour réveiller les autres. Aujourd’hui, son discours apporte lueur d’espoir et esprit de solidarité aux enfants perdus face à un futur incertain. Portrait d’une femme vivante qui a une longueur d’avance.

Keny Arkana : l’ascension d’un enfant du Cinquième Soleil (part 1)

Suivez L’Indigné du Canapé pour la suite de ce périple en terres « arkaniennes »… C’est la PART 2 !!

Voyages et émancipation

Inconsciemment liée aux personnes parachutées dans ce monde injuste qu’elles n’ont pas choisi, Keny Arkana souffre pour et avec tous ceux qui ont mal. Mais il est inimaginable d’avoir « tout le poids du monde sur les épaules » et la porte-parole vacille. La Marseillaise s’essouffle, le cœur trop grand, trop à découvert face aux mille malheurs cristallisés qui fusent vers elle depuis Babylone.

Alors, Keny recherche la chaleur de la Terre. Depuis J’me Barre (Entre Ciment et Belle Etoile) jusqu’à Fille du Vent (Tout tourne autour du Soleil) en passant par Nature Sauvage (L’Esquisse 2), Keny Arkana l’urbaine repart en quête de l’essentiel, la nature, ses racines. Cette connexion à la terre et aux autres qu’elle a toujours fui, elle veut désormais l’embrasser de toutes ses forces. Amérique Latine, Afrique, Asie, le voyage fait fleurir sa plume.


Fille du Vent – Keny Arkana

Peu à peu, le style de la rappeuse évolue, au grand dam de ceux qui ne voient en elle qu’une « freestyleuse » douée en hip-hop. Considérant que la petite se démocratise, certains lui reprochent des instrus trop « world », un flow répétitif, un thème trop récurrent. Mais Keny Arkana n’est pas là pour la forme mais pour le fond, pour faire passer un message au plus grand nombre. « Je ne suis pas une rappeuse mais une contestataire qui fait du rap », scande-t-elle d’ailleurs. Se laisser influencer par le ska, le reggae ou le rock (des musiques rebelles) , c’est aussi revendiquer que sa musique, universelle et créolisée, doit pouvoir parler à tout le monde. C’est aussi pour cela que la Sista ose peu à peu rapper en espagnol…

Dans chaque album, un peu plus précisément, la perspective très locale (l’enfance difficile, la rue, la rage) se transforme en prise de conscience globale (l’ordre mondial, l’indignation et la désobéissance civile, l’écologie). Mais sans jamais oublier que nous ne sommes « qu’une infime partie d’un grand tout » et que le combat réel, sur le terrain, ne peut se mener qu’à une échelle humaine.

Keny Arkana revient toujours se battre au niveau local (cf. son documentaire sur Marseille en 2013 alors que la ville est élue Capitale de la culture), mais elle a eu l’envie et la chance de voyager, pour mieux découvrir l’infini et ses imaginaires…


Marseille Capitale de la Rupture – Keny Arkana (mini-documentaire)

« A la conquête des imaginaires »

Ce qui est fabuleux dans les mots de l’artiste, c’est la capacité qu’elle a de pouvoir transformer sa rage et ses mots durs en une démonstration d’humanité et d’amour. Comme elle le dit à juste titre, le meilleur moyen de convaincre de l’honnêteté de son combat – de notre combat – c’est la « conquête des imaginaires », la faculté de faire prendre conscience aux autres du bien-fondé de sa lutte par la maîtrise des images, des métaphores, des utopies et espérances futures.

La plus grande peur de Keny, son plus grand combat finalement – bien avant le combat du capitalisme car bien plus intime et enfoui en chacun de nous – c’est l’immobilisme, la recherche de sécurité. Ne rien faire, ne pas savoir se remettre en question, c’est la fin de toute idée d’amélioration du quotidien…

Heureusement, l’artiste, forte d’une plume plus stylée qu’hostile arrive à créer le tourment, déclic nécessaire au futur tourbillon des consciences et des sociétés. Quand elle chante Odyssée d’une Incomprise, quand elle dit à son public « Merci à vous d’avoir compris mon cri, qui aurait cru… » on comprend toute la détresse de cette femme qui a longtemps imaginé devoir affronter ce monde hostile seule. Jusqu’à trouver via la musique toute une armée de sœurs et frères animés par une même force de combat : l’amour de l’autre.


Odyssée d’une incomprise – Keny Arkana

La foi dans l’humain

Dans sa toute première mixtape, la jeune Keny Arkana balance le titre La Main sur le cœur, dans lequel elle « jure de dire la Vérité ». Régulièrement depuis, elle se réfère à cette promesse, pour montrer qu’elle est restée en accord avec ses idées premières, ses racines. Et quand « ils disent qu’elle sacrifie sa carrière », elle répond qu’elle « préserve ses principes ».

L’amour, c’est devenu le véritable combat de la Marseillaise, qu’elle oppose à la violence de ces hommes et femmes qui défendent sans même y réfléchir une machine qui prend aux uns pour donner aux autres, toujours dans le même sens…

« Dites aux enfants du système qu’ils sont enfants de la terre, et que les enfants de la rage ne sont pas enfants de la guerre » explique-t-elle avec aplomb dans Jeunesse du monde. L’espoir de convaincre le plus grand nombre de la justesse de ses idées est brûlante : non, le monde ne s’en sortira pas sans humanisme, sans fraternité, sans une conscience écologique exacerbée et sans universalisme.

Universalisme et bien commun

En parallèle de ses convictions universalistes, Keny est assurément croyante. Mais son Dieu est un Tout, un Univers qui la guide et nous guide tous.

« Je suis croyante, mais je n’adhère à aucune religion instituée. Mon Dieu ne se trouve pas dans leurs dogmes. Il est plutôt une intelligence de vie et d’amour. Ma foi, c’est la vie. Mon concept de Dieu se rapproche d’une sorte d’énergie, d’un quelque chose qui nous relie tous. Et je pense que les camarades athées ont aussi une foi dans ce sens… »

Elle s’inspire aussi de convictions indigènes, mystiques. La chanson Cinquième Soleil s’inspire d’une croyance aztèque expliquant que notre génération est celle du Quinto Sol (le « cinquième soleil » donc), la dernière qui peut changer les choses avant la fin du monde. Les quatre premiers soleils – quatre époques – se sont terminées de manière apocalyptique. Il ne tient qu’à nous de ne pas faire sombrer le cinquième, via notamment la préservation de notre environnement.


Cinquième Soleil – Keny Arkana


Terre Mère n’est pas à vendre – Keny Arkana

L’importance du respect de la planète, notre Bien Commun, constitue l’un des messages forts véhiculés par cette citoyenne du monde au cœur grand comme l’Univers.

 

Au final, la petite graine de feu est devenue baobab de terre et d’eau. Une Terre Mère qui, on l’espère, mènera longtemps ses enfants de la rage et de l’Amour sur les chemins du retour vers un monde meilleur.

 

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6 commentaires

Répondre à Guillaume Annulez votre réponse

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  • wouuuuaaaah franchement cette article il tue , vous avez tout a fait resumé la vie de keny arkana et par la meme occasion et en m’informant sur d’autres sites je me decouvre le meme parcours que keny arkana , je savait deja pour enfant/adulte-indigo mais je n’avait pas trop fait le rapprochement du QUINTO SOL enfant du CINQUIEME SOLEIL , merci ! je sait ce qu’il me reste a faire , la lutte sera mon quotidien , ensemblent , un peuple uni ne sera jamais vaincu ! regarder sur youtube le mouvement du 14 juillet 2015 a PARIS , LA RABIA DEL PUEBLO sur beaucoups de sweat et bandana sur nous autres les REVOLUTIONNAIRES PACIFIQUES

  • Bien ! Bel article, bien fouillé, ça manque juste un peu de critique 😉 ( je taquine, je taquine ^^)

    En tout cas je vais visiter un peu plus ton site 🙂 !

    L’auteur de l’article à charge sur lequel t’as posté un com’, Guillaume

    • Merci merci !
      Oui j’ai en effet omis toute distanciation critique, là est ma limite sur Keny,
      je suis peut-être un peu trop admiratif de sa plume !
      Merci pour ton com, et d’être passé faire un tour !

      L’ I

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