L'Indigné du Canapé

Peaux noires, masques blancs : lire Frantz Fanon, lutter contre les stéréotypes !

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Décrypter l’aliénation. Comprendre pourquoi certains donnent des ordres et d’autres baissent la tête. Pourquoi certains méprisent, et d’autres acceptent. Et pourquoi la couleur de peau détermine souvent la place attitrée sur l’échelle sociale. C’est l’origine du travail de Frantz Fanon dans son livre Peaux noires, masques blancs, une aliénation expliquée à travers la relation d’infériorité des Noirs par rapport aux Blancs. Toujours d’actualité de nos jours (bien que de nombreuses choses aient bien évolué, fort heureusement), cette œuvre majeure date de 1952. A lire !

Frantz Fanon est un homme. Noir. Antillais. Cultivé. Intelligent. Sensible. Autant d’adjectifs qui peuvent sembler contradictoires à certains esprits fortement embrumés, pour ne pas dire imbéciles.

Pourtant, avec toute la science dont l’auteur est capable, Fanon décrypte, minutieusement, lentement, tous les mécanismes qui portent à mettre l’homme noir dans une case, l’homme juif dans une autre (en effet, son travail pourrait se décliner pour toutes les ethnies, toutes les religions) et pourquoi l’homme blanc « civilisateur » a eu le besoin de caractériser ces « autres » par des traits bien définis, des cadres dont ils ne devaient plus jamais sortir. Une colonisation mentale qui ne se déconstruit pas comme cela.

Déconstruire la colonisation des mentalités

La colonisation est officiellement terminée mais elle se poursuit, dans les esprits. Il est aussi long de soigner un esprit malade qu’une société malade. Le seul moyen de détruire cette colonisation : mettre fin à l’évocation et donc à l’existence des « races » noires et blanches, et ne voir en l’homme en face de soi que ses qualités et défauts d’homme. Ne pas le réduire à une couleur, et à des caractéristiques qui seraient censées aller avec : le noir aime le sexe, il est le meilleur en danse, le juif aime l’argent, l’arabe est indocile voire violent, le blanc est supérieur intellectuellement… Bref, arrêter avec les stéréotypes. Stéréotypes qui, puisque faux, créent des complexes. Et du racisme.

L’homme blanc qui continue à déblatérer ces stéréotypes, même par jeu, est dans l’erreur. L’homme noir qui continue à véhiculer ces stéréotypes, même par jeu, est dans l’erreur. Voilà le propos du sage Fanon.

Bouleversant, juste, le travail de Frantz Fanon immerge le lecteur dans l’inconscient noir et plus précisément antillais, un inconscient nourrit de non-dit douloureux qui parfois explosent à la face de la société, une société qui alors condamne, sans se rendre compte qu’elle est la vraie coupable.

Frantz Fanon vise à la destruction d’un complexe. Destruction des a priori. Destruction des barrières entre les hommes, en somme. Le déterminisme n’est pas une fatalité. L’homme peut apprendre, comprendre échanger, changer. Fanon, noir et antillais, se centre sur la problématique qu’il connait le mieux, parce qu’il la vit dans sa chair et son esprit, mais on comprend bien que son humanisme aurait pu écrire ces pages pour n’importe quelle nation, n’importe quel peuple, n’importe quelle religion ou culture.

Il est évident que l’ouvrage de Fanon est adressé à tout le monde. Ce n’est évidemment pas une œuvre destinée aux Noirs. Elle est humaniste et internationaliste ! Et d’une importance capitale pour lutter contre les stéréotypes.

Le mot de la fin, Monsieur Fanon ?

« Tous deux [l’homme noir et l’homme blanc] ont à s’écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. »

 

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2 commentaires

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  • Bonjour,

    Merci de relayer une œuvre dont la lecture me paraît effectivement essentielle à bien des égards.

    Toutefois, cet ouvrage ne fait pas partie du mouvement de la négritude ; Fanon au contraire fait part dans le chapitre « l’Expérience vécue du Noir » de l’engouement qu’il a ressenti étant jeune pour ce modèle esthétique du « Nègre » et de la façon dont il a développé une pensée (influencée par la lecture de l' »Orphée noir » de Sartre » pour s’en éloigner.

    Cordialement.

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