L'Indigné du Canapé

La domination des USA est culturelle : et si nous commencions par ne plus être Américains ?

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« Les USA sont des salauds, ils ont une politique et une économie guerrières, ils sont obligés d’envoyer leur armée aux 4 coins du monde pour voler les matières premières et continuer à être la première puissance, ce sont eux les plus grands terroristes du monde et… »

On entend souvent ce genre d’argumentaires, par ailleurs très correct, dans la bouche des défenseurs d’un monde plus juste, plus libre, hors de ce capitalisme dont les Américains sont les fers de lance.

Mais ces mêmes personnes peuvent dans le même temps manger McDo, boire Coca, fumer Philipp Morris, regarder des films Warner Bros., des séries Netflix et porter des jeans Levis et des chaussures Timberland. Normal !

Quand on a une grande envie de voir le monde changer, il faut peut-être commencer par évoluer soi-même, dans ses habitudes, ses comportements. Car la domination des USA n’est pas tant guerrière, elle est avant tout culturelle !

Depuis la Première et plus encore depuis la Seconde guerre mondiale (l’accord Blum-Byrnes en 1946), les USA se sont attelés à diffuser leur culture partout dans le monde, petit à petit insidieusement. C’est la manière la plus douce, la plus efficace et la plus durable de dominer. Par le jeu, par le divertissement, par l’objet.

L’industrie culturelle américaine (on ne parle pas de la « Culture » au sens noble du terme mais bien d’ « industrie culturelle ») est le plus beau fleuron du pays de l’Oncle Sam.

L’impérialisme américain est un impérialisme culturel

Nous sommes tous des Américains. Qu’on le veuille ou non. On a baigné dans cette culture depuis tout petit (à moins d’avoir eu des parents hyper vigilants, et encore, même eux ont souvent craqué face à (au pif) James Dean, Marilyn Monroe, les chewing-gums Hollywood et les cigarettes Marlboro, Elvis ou Mickael Jackson, les jeans…)

Notre enfance (je parle au nom de la génération Y) s’est faite devant Friends, Buffy, Batman et Superman à la TV (plus de 50% des films et séries diffusés en Europe sont américains), devant Brad Pitt et Julia Roberts au cinéma, devant Eminem, Madonna ou Mickael Jackson (encore lui) dans la musique, et en rêvant d’aller au parc de Disneyland Paris une fois par an et au McDo une fois par mois, de préférence avec des chaussures à virgule aux pieds…

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Aujourd’hui, on a tous un PC sous Windows ou un Mac (enfin presque tous, un salut amical aux personnes sous Linux !), on a presque tous dans notre armoire un vêtement Nike, Calvin Klein ou Ralph Loren, on fait tous des achats sur Amazon ou ebay, bref, on vit tous dans « l’American way of wife », qu’on le veuille ou non. Et la grande puissance des USA s’explique beaucoup par cette juxtaposition du mode de vie occidental – et de plus en plus mondial – au mode de vie américain.

Et comment combattre une mode, une façon de vivre qui fait rêver le monde entier ? Le meilleur moyen, c’est peut-être d’en montrer les travers !

Les travers de la domination culturelle américaine

Politique : les œuvres culturelles servies par les Américains ne sont jamais neutres, jamais. Elles diffusent obligatoirement un message, souvent patriote, parfois carrément hostile envers telle ou telle nation ou minorité. Depuis les années 70, les ennemis courants des héros américains (donc gentils et justes) sont les Vietnamiens, les Russes (mafieux), les Afghans (terroristes), les Arabes (terroristes), et aussi les terroristes d’Europe de l’Est. Bref, un beau panel de pays qui résistent culturellement à l’invasion insidieuse du mode de vie américain. Les films sont toujours en étroite relation avec la politique de leur pays guerrier. Regardez presque tous les classiques, ils n’échappent pas à la règle, malheureusement. On les voit avec un autre regard, du coup…

Social : chaque pays « américanisé » fonctionne selon la logique de la société de consommation. Les peuples trouvent leur « bonheur » (factice) au travers d’un « pouvoir » d’achat insuffisant pour acquérir une réelle liberté (l’argent et a fortiori le salariat sont des phénomènes qui rendent esclaves) mais suffisant pour noyer ses peines et ses peurs dans des achats inutiles. Le must pour conserver le peuple dans cette constance d’achat, c’est de proposer des produits dit « modernes » qui deviennent obsolètes en quelques mois et de prétendre que celui qui a toujours le dernier produit à la mode est en haut de l’échelle.

Tout le monde cherchera à accéder en haut de l’échelle, choisissant mille fois la malbouffe et le iPhone 12 (ou la dernière paire de chaussures à 150€) à un téléphone pourri allié à une alimentation saine. De plus, on arrive à en accepter des injustices que l’on critiquait dans les parodies de régimes communistes qui ont existé : une élite, non élue (je parle des élites financières, tous ces patrons de multinationales) qui dirige le monde grâce à sa puissance financière démesurée et qui se nourrit de l’insatisfaction chronique des peuples soumis à l’aide de publicités, de films, de slogans, de valeurs leur proposant un monde idéal qui évidemment, n’existe pas…

Écologique : les Étasuniens sont les habitants du monde qui respectent le moins la planète. Si nous nous comportions tous comme les USA, il nous faudrait pas moins de 4 planètes pour nous fournir assez de ressources naturelles et absorber notre CO2. En réalité, on dépasse déjà le seuil, car le monde entier consomme les ressources produites par 1,5 planète chaque année. Ce qui prouve que le reste du monde n’est pas arrivé au même point de gaspillage que les USA. L’American way of life, basé sur la consommation à outrance, n’est pas viable…

Idéologique : le capitalisme ultra-libéral est évidemment ce qui est vendu avec la « culture américaine ». Consommer des produits à outrance (et être dans une insatisfaction perpétuelle, car ces nouveaux objets se démodent aussi vite qu’ils sont la norme), se battre pour sa place dans une société hiérarchique, grimper les échelons aux dépens des autres (toujours, qu’on le veuille ou non), devenir riche (eh oui, il faut bien se les acheter, tous ces produits), c’est la grande classe pour tout Américain qui se respecte, et donc pour tout habitant occidental sur cette Terre. Venez, faites comme nous, et le rêve américain avec bimbos, Margaritas, écran plat et piscine sera à portée de main !

Mondial : la mondialisation capitaliste – le modèle US, qui a fini par remporter la Guerre Froide et s’imposer dans le monde – a établi une répartition utilitaire des différentes régions du monde. Les Américains se sont organisés pour que chaque région du monde lui serve, dans un domaine précis. La Chine est l’Atelier du monde, l’Afrique fournit différentes richesses naturelles, l’Amérique du Sud (chasse gardée des États-Unis) sert pour le pétrole et certaines productions agricoles, Israël fournit des composants électroniques… Et l’Europe ? Elle a été au lendemain de la Seconde Guerre mondiale le lieu d’expérimentation de la domination culturelle US. Au fur et à mesure de son appauvrissement, elle redevient de plus en plus intéressante économiquement et le TAFTA viendrait couronner la domination américaine sur ce continent !

Lire aussi : Boycotter Monsanto, une question de bon sens sanitaire et citoyen !

En bonus : Nestlé : pourquoi il faut boycotter cette marque ignoble…

Pour que chacune de ces régions reste avantageuse pour les USA, elles doit garder un niveau de vie inférieur au niveau de vie moyen des étasuniens. Alors, le monde est organisé en ce sens. Quand un pays dit « émergent » émerge, c’est uniquement parce que les autres pays « dominants » (bien aidés par le FMI, la Banque mondiale, l’ONU) le veulent bien, y trouvent un intérêt.
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Bref, nous sommes tous américains, mais il n’y a pas vraiment de quoi être fier, car nous participons de manière consciente et volontaire (est-ce être inconscient que de se mettre des œillères volontairement ?) à ces inégalités qui frappent le monde, à cette culture américaine qui continue à se diffuser et à faire rêver – à tort – des milliers de gosses qui subissent pourtant de plein fouet un « cauchemar » souvent frappé du sceau du drapeau aux 50 étoiles.

Et si nous, qui savons, nous arrêtions de cautionner ?

4 commentaires

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  • Excellent article. Mais l’Europe simple lieu d’expérimentation de la domination culturelle US ?
    Vraiment ?
    Allons plus loin, un peu de courage !
    l’Europe vaste marché commercial et industriel qu’il a fallu récupérer a tout prix au lendemain de la seconde guerre mondiale pour ne pas le laisser au bloc communiste. Pour cela les USA ont contribué activement à la construction européenne : par ses agents d’influence comme Jean Monnaie, ils ont instillé de l’intérieur les germes d’un grand marché commun capitaliste ultralibéral. Un rêve construit année après année (et toujours en construction aujourd’hui!) et devenu réalité pour cette élite financière depuis 1992 avec le traité de Maastricht : libre circulation 1/des capitaux (art.63 du TFUE), 2/des marchandises et 3/des personnes. Cela a permis aux multinationales de délocaliser les usines et la main d’oeuvre dans les pays a bas coûts salariaux comme pays de l’est ou Asie (points 1/ et 2/) mais aussi de délocaliser les bénéfices dans les paradis fiscaux (point 1/) comme l’Irlande ou le Luxembourg, et cerise sur le gâteau : de faire venir de la main d’oeuvre a bas coût dans l’UE (point 3/ avec la directive des travailleurs détachés).
    Conclusion : la construction européenne s’est faite par les états uniens pour les états uniens. Elle n’a jamais été cette Europe sociale des peuples qu’on nous vend dans les médias tel un acte manqué ounun mauvais virage. Des le début elle portait les gènes de la finance. Ne s’appelait-elle pas CECA (communauté économique du charbon et de l’acier) aux prémices de sa construction ?

  • je n’ai pas trouvé la nuance -capitalisme forcené: le voici: capitalisme ,c’est legitime et une bonne chose TOUS les hommes aspirent à avoir et gerer un capital plus ou moins important… le capitalisme forcené-debridé ,c’est le LIBERALISME et c’est typiquement USA ; et IMMORAL;
    Aux USA ,en stage il y a quelques années, mes studiants US ne se sont jamais cachés qu ‘il fallait bouffer les autres s’ils n’avaient pas la force…… c’est la vie ,disaient-ils. AFFREUX ! à nous de ne pas se laisser faire ,helas….. et le malheureux POUTINE n’a pas fini d’avoir des emmmmm.

  • Il faut relativiser et trouver le « juste milieu » dans tout cela. Et c’est tout à fait vrai lorsque je rencontre des acharnés névrosés anti américain, je parle bien de l’anti américain, donc de l’extrémiste dans ses propos et le ton donné.
    Je ne pointe pas l’auteur de cet article je précise, mais je parle de personne que vous ou moi pouvez avoir dans votre entourage, peut être celui qui lira mon commentaire derrière son ordinateur, ou celui que vous entendrez demain prônant des valeurs gauchiste et sociale et à côté être d’une nature complètement en désaccord entre les agissements de cette personne, ses idées et son vote.
    Car il y a fréquemment un schéma qui se répète pour la majorité des gens (hélas) qui nous entoures et qui a un rapport politique et certaines pensées.
    Car la majorité des gens confondent et associent « partie pris politique » avec « idéologies ».
    Ce qui est bien regrettable. J’ai quelques connaissances comme ça qui correspondent au tableau en étant farouchement anti-américain et même anti-capitaliste (« capitaliste », terme que je n’aime pas employer car bien trop inexacte avec sa réelle définition que j’expliquerai plus bas) mais côté de cela…
    Cette personne est un pure gros consommateur de produit américain qui s’ignore et encore, cela va bien plus loin lorsque l’on écoute l’agressivité de ses propos.

    Consommer des produits américain est une chose et des fois lorsque cela touche la nourriture et les moyens financiers que l’on peut avoir on ne peut pas passer outre certains produits dans une moindre mesure. Mais Boycotter tous ce qui provient des US n’est en rien une solution non plus. Il faut savoir quoi boycotter sans tomber dans l’excès pour autant.
    Il faut savoir reconnaitre les produits qui ont une valeur et pas de conséquences et ceux qui n’en n’ont pas.
    Je ne parle pas que de produits alimentaires attention, cela peut être la musique, les films etc…

    L’important à retenir dans tout cela, et à « s’efforcer » de retenir, c’est qu’il ne faut pas tomber dans le boycottisme extrême, ne pas tomber dans l’anti-américanisme extrême, dans le pseudo écologiste extrême.
    Car cela ne différera en rien de ce que l’on peut critiquer qui fasse basculer l’équilibre, on ne ferait « qu’être » une personne qui critique ce qu’elle n’aime pas.

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