L'Indigné du Canapé

Non à tous les racismes, non à toutes les récupérations du racisme

Qu’il peut paraître lointain, le temps du racisme biologisant, hiérarchisant les êtres humains selon leur couleur de peau et la forme de leur crâne… Et pourtant, le racisme est toujours là, s’exprimant le plus souvent sous une autre forme : le racisme culturel, hiérarchisant les êtres humains selon leur culture (avec, en latence, des origines ethniques encore et toujours visées).

Lire aussi : Le racisme culturel, le danger à combattre

Rejeter une personne ou une autre, un groupe ou un autre, en raison d’une caractéristique réel ou supposée est un acte épidermique, émotionnel, que rien ne peut justifier par la raison.
Insulter, déshumaniser ou violenter une personne en raison de sa couleur de peau, de son origine, de sa religion, de son apparence, sous prétexte qu’on fantasme un lien entre cette caractéristique (souvent physique, visuelle) et un stigmate, quelque chose que l’on va dévaloriser chez elle, est un déni de l’intelligence humaine.
Il faut dire non au racisme et à la xénophobie (l’hostilité envers les étrangers, qui découle souvent d’un racisme plus ou moins assumé) à chaque fois qu’on le constate, et se battre contre ces maux au quotidien.

Ainsi, les insultes proférées à l’encontre d’une personne pour ce qu’elle est (ou qui elle est) sont une forme de xénophobie teintée de racisme.
Ainsi, déshumaniser ou stigmatiser une personne en raison de ses choix intimes, c’est de la xénophobie teintée de racisme.
Ce qui est arrivé à Finkielkraut face à quelques Gilets Jaunes indignes, les tags qui ont fait la Une dernièrement, c’est donc bien du racisme (plus précisément, de l’antisémitisme).
Ce qui est arrivé à Christine Taubira, à une Miss France noire, à une boulangère noire tout récemment, et qui arrive quotidiennement, c’est donc bien de la xénophobie teintée de racisme.
Ce qui est arrivée et arrive aux femmes voilées, à de multiples reprises (et encore au moment de la ridicule polémique Décathlon), c’est encore et toujours de la xénophobie teintée de racisme.

Tous ces racismes doivent être également condamnés et combattus. Aucun n’a sa place dans une société digne, respectueuse, égalitaire, car c’est violent et indécent.

Mais ce qui est doublement indécent, c’est quand certains de ces événements condamnables sont instrumentalisés à des fins politiques. Ce qui s’est passé ces dernières semaines dès qu’il a été question de racisme est effarant, à plus d’un titre.

Lire aussi : Sionisme, antisémitisme, islamophobie : faut-il cautionner ces mots ?

L’antisémitisme existe en France, c’est un fait. Mais non, contrairement à ce qui est dit et répété sur des plateaux de télé par des personnes déconnectées de la réalité, ce n’est pas un racisme de gauche, ni une forme de racisme qui existerait en majorité chez les Musulmans. Dire ceci est une déformation de la réalité à des fins politiques.
Historiquement, et encore aujourd’hui, l’antisémitisme est même un racisme structurellement de droite (puisque l’extrême droite est un parti dont le paradigme de base est le nationalisme identitaire et donc xénophobe, rejetant tout ce qui ne correspond pas à des canons passéistes idéalisés tel que la France blanche et catholique…).
D’ailleurs, l’arrestation récente d’un sexagénaire versaillais, Blanc et fonctionnaire, pour des tags antisémites violents (l’homme a avoué être également anti-communiste) n’a pas défrayé la chronique et n’a pas fait l’objet d’une lourde condamnation. Pourquoi ? Parce que le coupable ne correspondait pas aux critères que l’on espérait. Justice à deux vitesses, pour un délit grave pourtant.

L’antisionisme peut parfois être un paravent à l’antisémitisme, c’est vrai. Mais ce n’est pas un synonyme de l’antisémitisme. Dire ceci est une déformation de la réalité à des fins politiques.
On peut être antisémite et pas antisioniste (c’est le cas de beaucoup de partis nationalistes et xénophobes, qui sont structurellement racistes, et qui de fait, soutiennent le gouvernement israélien actuel, puisqu’il est nationaliste et xénophobe).

On peut être antisioniste sans être antisémite. L’antisionisme tel qu’on le définit depuis l’avènement d’un Etat israélien (ou devrait-on l’appeler « l’anti-néosionisme ») ne conteste pas l’existence de l’Etat d’Israël, mais considère que l’extension de son territoire par une colonisation violente et xénophobe est indigne, et que les Palestiniens ont également droit à leur Etat. Ceci est une opinion recevable dans un débat qui est et reste politique, et cela n’a donc rien d’antisémite. Il est important de bien avoir conscience de ces distinctions pour ne pas aboutir à un débat public hystérisé, basé sur l’émotion plutôt que sur la raison.
Enfin, il existe évidemment des personnes n’étant ni antisémites, ni antisionistes et inversement, des personnes étant à la fois antisémites et antisionistes, ce qui est à déplorer et à combattre, évidemment.

L’Islam radical (terroriste) existe, c’est un fait. Et c’est un extrémisme (là encore, communautaire et xénophobe) à dénoncer et à combattre. Mais non, ce n’est pas le fait d’une majorité silencieuse, mais d’une infime minorité, contrairement à l’impression que peuvent donner les médias, véritables miroirs déformants de la réalité.
Il n’y a donc pas lieu d’assimiler radicalisation islamiste et Islam. Il y a encore moins de raison de confondre (volontairement) Islam radical et femmes françaises voilées. En effet, les femmes adultes qui choisissent de se voiler en France le font le plus souvent par choix et ce choix n’est pas contestable dans un pays laïc, c’est-à-dire où l’Etat ne se mêle pas de questions religieuses et où la liberté de culte et de conscience sont assurées, dans les espaces publics et privés (à l’exception des écoles publiques pour les élèves et les personnels, et plus généralement, de tous les agents de la fonction publique).

On entend souvent invoqué le fait qu’en Arabie Saoudite, les femmes se battent pour avoir le droit de retirer le voile. Oui, pour avoir le droit de le retirer, pas pour être interdites de le porter. Elles se battent pour gagner une liberté, pas pour troquer une contrainte contre une autre. Alors pourquoi vouloir faire de la France (où il est légalement autorisé de porter le voile, on l’a déjà dit, même si cette liberté est de plus en plus contestée, entrouvrant la possibilité d’une citoyenneté à deux vitesses) une Arabie Saoudite à l’envers, obligeant stricto sensu toutes les femmes à ne pas le porter ? N’est-ce pas se faire tout aussi radical que les radicaux ?

Pourquoi tous les élus et politiciens (de LREM au RN, bref, toute un continuum idéologique libéral-autoritaire) montent sur leurs grands chevaux dès qu’une femme voilée chante à la télé, parle au nom d’un syndicat, ou dès qu’une entreprise commercialise un voile, souvent avec des arguments fallacieux (« les femmes voilées ne sont pas libres »… oui, surtout quand on confisque leur parole), parfois avec des arguments dangereux (Quatremer regrettant que les femmes voilées ne montrent pas d’ouverture à ses désirs sexuels : islamophobe et sexiste à la fois)…

Cette indignation, anticonstitutionnelle, est une forme discrimination xénophobe (ironique de la part de ceux qui disent la combattre sous toutes ses formes).
La propension des dirigeants politiques et médiatiques à confisquer la parole à ces femmes et cette grande collusion (de l’extrême droite à la droite sauce LREM) consistant à crier sur tous les toits que le voile est un objet de soumission, d’archaïsme voire de radicalisation est un mensonge éhonté. Une simplification de la réalité qui a là encore de graves conséquences.

Quand on dit se battre contre les racismes tout en en véhiculant quelques-uns, on capitalise peut-être sur les sentiments xénophobes de certains (c’est une manne électorale facile, en France), mais on renforce aussi le sentiment d’injustice, voire le communautarisme d’autres. Normal, ce n’est pas en se moquant, en menaçant, en stigmatisant ou en marginalisant qu’on va encourager l’échange, l’ouverture, le partage… Pas étonnant qu’une majorité de Français constate une montée et de l’antisémitisme, et de l’islamophobie.

Cette indignation a deux vitesses de la classe dirigeante génère plus de fractures dans la France qu’elle n’en referme. Plus les partis de pouvoir, PS, LREM, LR chassent sur le terrain du FN/RN, plus la société se divise, plus les intolérances montent, et plus on peut gloser sur le problème, stigmatiser encore les uns et les autres, sans rechercher réellement l’apaisement, et des solutions. Au profit de quels privilégiés, à votre avis ?
Ceux qui, au-dessus de la mêlée, distribuent les bons et les mauvais points, dictent quels comportements sont les bons, quels autres ne le sont pas, ne constituent en rien une solution : ils sont le problème principal.

Bilan : antisémitisme et islamophobie = même combat !
Soyons déjà d’accord sur ça, agissons selon ce précepte dans la vie de tous les jours, et déjà, de nombreux problèmes sur lesquels les dirigeants font semblant de se pencher (en les envenimant) seront réglés !

Vous pouvez aussi suivre les réflexions de L’Indigné du Canapé sur Facebook et Twitter ! Ou encore vous abonner à la newsletter (NOUVEAU) !

L’Indigné sur YouTube

L’Indigné sur Twitter

L’Indigné partout !

S’abonner à la Newsletter

Calendrier militant

Restons en contact

L'Indigné est aussi présent sur Facebook, Twitter, Instagram... Créons du lien.