L'Indigné du Canapé

Massacre en Birmanie… Au diable la Loi de proximité, les médias n’informent pas !

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Dans une rédaction, les journalistes se soumettent sciemment ou inconsciemment à la Loi de proximité : c’est-à-dire qu’ils hiérarchisent les informations selon l’importance qu’elles ont pour le lecteur/auditeur/spectateur. On considère que plus l’info est proche géographiquement, temporellement, au niveau affectif de lui, plus elle lui plaira… Un jeune Bordelais devrait – selon cette règle – être plus intéressé par une manifestation à Nantes, que par la même manifestation à l’autre bout du monde… Cela paraît naturel et juste, surtout qu’il paraît impossible pour les médias (actuels) de couvrir tous les sujets du monde.

Mais que penser lorsque de vraies atrocités se passent dans certains pays, et que ces mêmes médias préfèrent consacrer un long sujet sur « la vague de températures fraîches qui s’abattent sur la France », ou sur la victoire de tel club en finale de telle coupe ?

La Loi de proximité est caduque lorsqu’elle met sur un pied d’égalité des informations d’une importance différente. Bizarrement, on va toujours préférer privilégier les sujets les moins tabous, ceux qui font le moins réfléchir.

Ces derniers mois, de nombreux événements majeurs ont été occultés totalement (par la TV) ou partiellement (par les journaux). Par exemple en Espagne (ce pays est tout de même relativement proche de la France, non ?), de très nombreuses manifestations et grèves ont eu lieu durant plusieurs semaines afin de protester contre les mesures d’austérité prises par le Gouvernement dans un pays qui pourrait difficilement plus se « serrer la ceinture ».

De nombreux conflits ont éclaté dans de nombreuses grosses villes (Barcelone, Madrid), entraînant une répression policière violente (pardon pour le pléonasme !).

Lire aussi : L’Espagne, bientôt une « démocratie » totalitaire ?

Une gigantesque marche a également eu lieu, mobilisant des millions de personnes à travers tous le pays… En France, silence radio, certainement pour ne pas donner d’idées au peuple. Et ce n’est pas tout.

Le 4 avril à Bruxelles, une action a été lancée par des manifestants venus de toute l’Europe afin de sensibiliser l’opinion publique sur deux points : l’inutilité et le danger de la politique d’austérité, et l’énorme danger que représente le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement (anglais : Transatlantic Trade and Investment Partnership, abrégé TTIP) aussi appelé TAFTA (Transatlantic Free Trade Area). Quelques précisions sur cet accord qui progresse de mois en mois et pourrait être mis en vigueur en 2015 :

Le marché transatlantique c’est la création, par les deux grandes puissances (UE et USA), d’une liberté de circulation totale pour les multinationales et acteurs financiers sur un énorme marché de plus de 800 millions de consommateurs, sans harmonisation fiscale, sociale ou environnementale. Cela passe par des accords décidés avec et pour les multinationales, en dehors des règles démocratiques, comme le débat public et contradictoire. C’est pour cela que nous ne parlons plus de démocratie mais bien de lobbycratie. Les accords se négocient au profit des multinationales, contre l’intérêt général et au détriment des valeurs sociales ou écologiques par exemple. […] Il y a également de plus en plus d’accords de reconnaissance mutuelle qui modifient les relations économiques sans passer par de nouvelles législations.

Ricardo Cherenti, Bruno Poncelet
« Le grand marché transatlantique : les multinationales contre la démocratie »

Ce Traité est si nauséabond qu’on pourrait croire que des gens manifestant contre intéresserait les médias. De plus, là encore, la répression fut énorme, une trentaine de personnes fut grièvement blessées par les forces de l’ordre. Mais ce jour-ci, les médias ont trouvé beaucoup plus intéressants les sujets sur « Michael Schumacher et le coma : oui, non, peut-être », ou le dernier film avec Russell Crowe.

Et que dire du scandale en Birmanie ? Depuis des jours et des jours, le peuple des Rohingyas (musulmans) de Birmanie se fait décimer, des dizaines de morts s’entassent, des centaines de milliers de personnes sont obligées de fuir. Cette situation n’est pas sans rappeler celle du Rwanda il y a 10 ans, ou celle de la Seconde Guerre Mondiale, ou encore l’annexion violente des territoires palestiniens par Israël… Pourtant, cette fois encore, tout cela se passe dans l’indifférence quasi générale.

Pire, TF1 diffuse en ce moment même l’émission Pékin Express, qui se déroule dans ce pays secoué par un quasi génocide !

On entend presque d’ici les « télévores » lobotomisés après leur dure journée s’extasier devant les prouesses dignes de celles d’un McGyver de tel ou tel candidat, ignorant complètement que ce pays est en proie à une catastrophe humanitaire. Dire qu’il y a quelques mois, nos médias faisaient des gorges chaudes sur la fin de la censure de la presse, là-bas, en Birmanie. Et chez nous, c’est pour quand ? (rire jaune)

Alors non, à la télévision, les informations ne sont définitivement pas un bon moyen de s’informer. Elles sont même le meilleur moyen de se désinformer. Aujourd’hui, nous sommes citoyens du monde, et la Loi de proximité n’a aucun sens. Encore plus lorsqu’on voit comment sont couvertes les actualités françaises, sur le projet d’aéroport à Notre-Dames-des-Landes par exemple…

Informons-nous différemment, ce sera la première pierre afin de construire différemment !

 

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