C’est officiel ! Un gigantesque fichier centralisé de données biométriques va être créé par la France, cette démocratie qui n’a de démocratique que le nom. Car cette nouvelle n’a même pas été débattue à l’Assemblée par ces communautaristes de députés, non non.C’est dans l’indifférence générale que le gouvernement a publié la création de son TES (Titres électroniques Sécurisés) dans le Journal Officiel. Ce TES est un fichier qui centralisera les données des 66 millions de Français.
Il réunira les informations contenues sur votre passeport et/ou votre carte d’identité (couleurs des yeux, adresse postale, empreintes digitales, signature, etc.), mais pas seulement : on y retrouvera aussi vos adresses mail et votre numéro de téléphone, une image numérisée de votre visage, et qui sait ce qui pourrait s’ajouter à la liste demain ? Les sites que vous consultez, les gens que vous êtes allés voir dans la semaine, vos opinions politiques, votre dossier médical, vos goûts ?
Le but est officiellement, de « faciliter l’identification » et simplifier nos démarches, mais ce genre de projet prend rarement une jolie tournure avec le temps…
Évidemment, c’est le contexte d’Etat d’Urgence et de lutte contre l’insécurité et le terrorisme qui pousse nos chers élus à se dépêcher de faire passer des crasses sous le tapis, comme ça discrètement, sans penser à nos libertés. Ah, comme les hommes et les femmes des contrées lointaines doivent nous envier notre « démocratie » où les bandits en col blanc courent en liberté dans leurs paradis fiscaux (ou à la Présidentielle) et où le peuple est fiché dans tous les sens.
« Je n’ai rien à me reprocher » : l’argument fallacieux
Vous vous dites peut-être : « Mais pourquoi s’énerve-t-il ? Il a peut-être quelque chose à se reprocher, mais moi non, alors je ne vois pas le mal à ce TES… » Je vous réponds alors : n’étiez-vous pas offusqué lorsque le scandale des écoutes de la NSA a éclaté ? Et si demain, au nom de la sécurité, on mettait une caméra dans votre salle de bains, ne seriez-vous pas outré, même si vous n’avez rien à vous reprocher ?
Rappelons-nous toujours de la formule, si véridique, si glaçante : « Pour votre sécurité, vous n’aurez plus de liberté ».
Tiens, on va faire un petit jeu pour vous révéler les techniques de propagande du pouvoir : sachez qu’un projet similaire au TES avait été proposé par l’UMP en 2002 et s’appelait « Le fichier des honnêtes gens » ! Vous commencez à comprendre comment cela fonctionne, n’est-ce pas ? Qui n’aurait pas envie d’appartenir au « fichier de honnête gens, hein? Et pourtant…
Étonnamment, l’idée de création d’un tel fichier de délation centralisé avait soulevé l’écoeurement de la gauche caviar (qu’on devrait requalifier de centre-droit caviar) dont JJ Urvoas, lui-même qui fait désormais passer ce fameux TES en 2016 en tant que Ministre de la Justice ! Les temps changent, et pas en bien…
Rappelons tout de même que peu importe son nom, TES (ah les acronymes qui empêchent de penser) ou « fichier des gens honnêtes », la seule fois où la France a fait passer un projet tel fut… en 1940, avec le « fichier national » (quel beau programme fasciste).
On se doit également de rappeler qu’un projet étrangement similaire : le « projet Safari » (Système automatisé pour les fichiers administratifs et le répertoire des individus), concocté par Jacques Chirac, voulait récupérer et centraliser tous les fichiers administratifs via le numéro Insee. C’est grâce à une contestation massive de ce projet qu’il avait été abandonné et que la CNIL avait vu le jour !
L’Histoire, parfois, a quelque chose d’horriblement futuriste. Et en 2016, malgré la CNIL, le TES entrera en vigueur.
Ne nous leurrons pas : ce nouveau fichier TES, anti-démocratique dans sa mise en circulation et destiné à mettre les informations de tout le monde dans la même base de données (soi-disant pour combattre le terrorisme), servira rapidement à surveiller tous les activistes qui déplaisent à l’état, hacktivistes web, écologistes forcenés, anarchistes politiques, syndicalistes, etc. Sans parler des risques de piratage, détournement, etc.
Lire aussi : Désobéissance civile : exemples d’actions à mener au quotidien !
La liberté ne se brade pas. Elle se défend. Il n’y a pas d’acquis sociaux. Il n’y a que des conquis sociaux. Alors battons-nous pour faire comprendre à tout le monde que ce TES est une insulTES à notre intelligence collective et à la construction de notre humanité commune !
Vous pouvez aussi suivre les réflexions de L’Indigné du Canapé sur Facebook et Twitter ! Ou encore vous abonner à la newsletter (NOUVEAU) !
Sources : L’Obs, Next Inpact
Re-bonjour L’indigné du canapé 🙂
A la suite de mon précédent commentaire sur cette article, je voulais ajouter un lien d’une vidéo illustrant une possible dystopie comme dans le manga que je vous avais recommandé de voir, mais aussi qui donne raison à cet article et à celui sur « un bonheur autre que dans la société néo-libérale » ( si vous avez le temps et vu le manga, vous pouvez me dire ce que vous pensez. 🙂 SI , encore une fois, vous avez du temps^^) ).
https://www.youtube.com/watch?v=jZaUpjfCFGA
Je n’y avais pas pensé , mais il est vrai que l’argument « Je n’ai rien à me reprocher » est à double-tranchant. Merci pour le tuyau^^.
D’accord aussi avec le reste de l’article. Si la société perdure de cette façon, on vivra dans une société dystopique comme dans « Psycho-Pass » (que je vous recommande de regarder si vous n’avez pas encore vu, car l’animé est excellent) où vos goûts, sentiments et opinions différents de la société fera de vous une cible à manipuler ou à abattre.
Bref la societé c’est comme une prison sans les murs.