L'Indigné du Canapé

De l’importance de manipuler les enfants (4 expériences à l’appui)

Banksy anti-immigration birds mural destroyed

Vous croyez encore que vous êtes libre ? Que vous faites vos choix consciemment, grâce à votre intelligence et vos valeurs ? Que la manipulation n’a aucun impact sur vous ?

D’accord. Et d’où vous viennent ces valeurs ? De votre famille avant tout. Puis de l’école et enfin, de la culture que vous avez acquise via la socialisation notamment. Vrai ?

D’accord. Et si je vous disais que depuis tout petit déjà, vous êtes conditionné pour penser d’une certaine façon… Vous êtes intrigués  ?

Bien sûr qu’il ne faut pas manipuler les enfants, le titre n’est qu’un leurre. C’est pourtant ce que l’on fait, tous les jours, consciemment ou inconsciemment. Car on est tous plein de préjugés dans la tête, et on les transmet, malheureusement.

Lire aussi : Mais genre tu crois à la théorie du genre !?

D’ailleurs, ce n’est pas moi qui le dit, et de nombreuses expériences ont prouvé ce fait : nos choix ne sont jamais vraiment libres. Commençons notre démonstration gentiment avec une expérience qui ne met pas en scène le racisme, mais une autre forme d’intolérance.

Expérience numéro 1 : la jolie méchante et la gentille pas belle

Menée sur plusieurs petites filles venues pour un casting, on leur demande si elles veulent jouer la petite fille gentille ou la méchante. Toutes sauf une préfèrent incarner la petite fille gentille. La gentillesse est assimilée à la beauté dans leur esprit (merci Disney). Quand on leur apprend que la gentille n’est pas si jolie, alors que la méchante est très belle, toutes les petites filles changent d’avis. Elles veulent être belles, quitte à être la méchante.

On le voit, on le comprend, on le sait, l’intolérance face au physique est exacerbé dès le plus jeune âge. Les valeurs sont retournées. Il faut être beau à tout prix, la petite fille avec des cheveux longs et une robe rose, le garçon avec des belles chaussures qui courent vite et une petite casquette bleue griffée. La valeur de la gentillesse est dérisoire, elle ne compte pas.

Une fois que l’on a compris que la société pouvait formater les jeunes esprits à une intolérance universelle comme la beauté, il est facile de comprendre que toutes les formes d’intolérance peuvent être inculquées, notamment inconsciemment : les préjugés, la peur, le communautarisme, le racisme, l’homophobie, etc.

Expérience numéro 2 : les poupées noire et blanche


Menée sur des enfants afro-américains dans les années 60 (secouées par les luttes des Noirs pour leurs droits civiques) mais aussi dans les années 2010, cette expérience est édifiante. Quand on demande à ces petits enfants quelle poupée ils préfèrent, la grande majorité choisit la blanche. Quand on leur demande quelle poupée est la plus gentille ou la plus belle, la grande majorité choisit la blanche (et inversement si on leur demande quelle poupée est moche, ou méchante). Et quand on leur demande à quelle poupée ils ressemblent le plus, ils choisissent la noire.

Ceci démontre trois choses : 1/ Ces enfants noirs ont tout à fait conscience de leur apparence.  2/ Malgré leur jeune âge, ils se sentent déjà discriminés parce que noirs. 3/ 2/ Comme la société le fait, ils amalgament leur apparence et des valeurs morales.

Le plus incroyable dans cette expérience, c’est qu’en plus de 50 ans, rien n’a changé aux USA pour les minorités. L’expérience révèle les mêmes résultats dans les années 60 et de nos jours. Si les minorités ont acquis des droits au prix du sang, la société américaine continue inconsciemment de stigmatiser ses différents enfants (et les récents événements désastreux à Ferguson en attestent)…

Expérience numéro 3 : les marionnettes avec un nom français et un nom Maghrébin


Extrait du documentaire « Immigration et délinquance, La fabrique des préjugés » (dans la Partie 2, à partir de 1 minute 30)

Menée sur des enfants en France, cette expérience a pour but de démontrer les a priori qui peuvent peser sur des enfants dès leur plus jeune âge. Lors d’un spectacle de marionnette, le personnage principal Richard perd sa trousse. Juste avant de s’en rendre compte, il a croisé deux amis, Thomas et Ahmed. Alors qu’on ne voit aucune scène de vol, on demande aux enfants « qui a fait la sottise ». A nouveau, le résultat est sans appel. 11 enfants sur 16 dénoncent Ahmed plutôt que Thomas... Des années plus tôt dans une expérience similaire, c’est un certain Moussa qui avait été désigné comme le voleur à 87% !

Comment comprendre ces résultats ? Les stéréotypes diffusés par la télévision, Internet, les parents, les livres etc. influencent grandement la vision des enfants sur leur environnement. Ahmed, avec sa peau un peu plus basané et son nom maghrébin, est le présumé coupable idéal !

Expérience numéro 4 : leçon de discrimination

Cette expérience a été menée dans une classe au Québec. Une institutrice a voulu démontrer à quel point il était aisé de manipuler un enfant et de le faire devenir bourreau ou victime sur des critères complètement arbitraires. Pour son expérience, elle a séparé sa classe en deux groupes, les grands et les petits. Le premier jour, elle n’a favorisé que les petits. Le second jour, tous les privilèges étaient pour les grands. Et on le voit, que ces enfants soient victimes ou bourreaux, ils prennent le rôle à cœur, sans se rendre compte de la supercherie.

Automatiquement, lorsqu’on sépare des humains en deux groupes, les humains se mettre à défendre « leur » groupe, même s’ils ne connaissaient personne en son sein au début. Je vous invite grandement à regarder cette expérience, vous allez apprendre une belle leçon ! Cette démonstration sur la différence devrait nous faire réfléchir non ?

On pourrait aussi mentionner le film La Vague, basé sur une expérience réelle menée aux USA dans les années 70.

Lire aussi : La Vague : pourquoi le retour du nazisme est à portée de main

Les gens, mais encore plus les enfants, sont manipulables. On peut les formater, les conditionner à penser une chose plutôt qu’une autre. On peut les diviser, les opposer. Les rabaisser. Les différencier.

Les influences sont multiples. Les parents et leur culture, la religion. Il y a aussi l’école évidemment, premier moule qui nous forme à la compétition et à la réussite, les armes nécessaires au totalitarisme capitaliste.

Et évidemment, la culture populaire, au premier rang de laquelle la télévision. Ses schémas et ses genres bien définis jouent un rôle immense dans la déformation de la réalité. Dans un reportage récent intitulé Immigration et délinquance (dont est extrait l’expérience avec les deux marionnettes), on observe une vraie décortication de la fabrique des préjugés. Bluffant.

Même nous, les parents ou futurs parents, sommes plein de préjugés, et nous sommes si subjectifs… C’est la raison principale pour laquelle il faut se battre pour une école réellement émancipatrice, qui ne mette les enfants dans aucune case, dans aucune détermination, qui sache faire le brassage et ne condamner personne. On peut dire cela pour le genre (à bien différencier du sexe hein, on ne va pas repartir dans ces débats au ras des pâquerettes), pour les origines, la religion, les habitudes culturelles, etc.

Le but de l’école, c’est de faire grandir, et donc de repousser les limites auxquelles les enfants se confrontent dans leurs cercles à mesure qu’ils grandissent. Quel parent rêve d’un enfant limité, enfermé dans un déterminisme culturel ?

Aucun, je crois. J’espère !

 

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