« L’extrémisme (ou jusqu’au-boutisme) est un terme utilisé pour qualifier une doctrine ou attitude (politique, religieuse ou idéologique) dont les adeptes refusent toute modération ou toute alternative à ce que leur dicte cette doctrine. »
Wikipedia
Selon la logique de notre système politique :
-Je serais extrême parce que je considère que les privilèges de classe et les oppressions de classe existent et que l’égalité sociale n’existe pas a priori.
-Je serais extrême parce que je milite pour les mêmes droits pour tous.
-Je serais extrême parce que je souhaiterais une vraie justice sociale, et donc une meilleure répartition des richesses.
-Je serai extrême parce que je pense que notre système est patriarcal, raciste, homophobe, etc.
-Je serais extrême parce que je ne crois pas ni dans la gauche, ni dans la droite (ni dans cette Vème république, et pas plus dans l’acte du vote tel qu’il est).
-Je serais extrême parce que je remets en cause le fait que nous soyons dans une démocratie et que je réclame une démocratie directe.
-Je serai extrême parce que je soutiens que notre modèle capitaliste néolibéral est d’une violence totale, d’un extrémisme avéré et que ses méthodes sont totalitaires.
-Je serais extrême parce que je soutiens la cause écologique au détriment de la croissance économique et considère que ce sont deux choses parfaitement antinomiques : je prône une anarchie basé dans un premier temps sur la décroissance…
Voyons comment se comportent les défenseurs de ce système face à ces réalités et combats politiques…
« Oui mais toi, c’est normal que tu dises ça, tu es d’extrême gauche. Espèce d’anarchiste, va ! »
Combien de fois ai-je entendu cette phrase ou ce genre de phrases de la part de proches, sur un ton tout à la fois amical et condescendant, mais non sans une pointe de reproche à l’heure de débattre de politique et d’analyser mon positionnement (et le leur). Quelle meilleure manière de justifier son propre raisonnement qu’en discréditant a priori celui de son interlocuteur ? C’est bien souvent comme cela que le système lui-même (et donc ses défenseurs) se justifie de ses pires ignominies. « Et vous, que proposez-vous, le goulag ? » (lol)
Je l’ai déjà expliqué, et Lepage avant moi, et Orwell avant lui : les mots nous manipulent.
Lire aussi : Les mots nous manipulent : agissons pour une reconquête des concepts !
Pour regarder ce système bien en face et savoir si ses structures économiques et sociales sont viables, il faut apprendre à le décrypter. Et avec un peu de bonne foi et d’objectivité, force est de constater que ce système qui se présente comme modéré (bien au centre et acceptant les alternatives et alternances) est un outil totalitaire de destruction sociale de masse.
Qu’est-ce que l’extrémisme ?
« Dans de nombreuses positions extrémistes, on retrouve des éléments récurrents : une pensée dogmatique, la préconisation de méthodes violentes et une conspiration.
Une personne adoptant un point de vue extrémiste est persuadée de détenir « la » vérité. Elle considère a priori comme faux ce qui ne va pas dans son sens, sans fournir de preuve ou de raisonnement construit. »
Wikipedia
Pourquoi nos démocraties libérales occidentales représentent un extrémisme politique ?
Voyez-vous une seule autre logique que la logique de la croissance coloniser la bouche et les mots de nos dirigeants politiques ? Même les partis dits « extrêmes » (et donc méchants, et donc dangereux) raisonnent souvent en ces termes. La croissance est LA vérité et le système capitaliste est vu comme le SEUL moyen de parvenir à la croissance. Aujourd’hui, plus grand-monde ne le conteste, de peur de faire partie des « sorcières » à abattre.
C’est ce que les communicants politiques appellent le « réalisme ».
Et c’est ce « réalisme » (le capitalisme libéral économiquement et réactionnaire socialement) qui a poussé de nombreuses grosses industries (Ford, Siemens, Thyssen, Hugo Boss, Bayer, etc.) et banques (JP Morgan, Chase Bank) à soutenir le nazisme plutôt que les idéologies progressistes ; qui a poussé par exemple la Banque de France a soutenir Franco (soutenu lui-même par les nazis) plutôt que les mouvements républicains opposés au dictateur espagnol (accords Bérard-Jordana) ; qui a poussé la Banque mondiale et le FMI à soutenir les dictatures en Amérique Latine ou en Afrique (Chili, Brésil, Nicaragua, Congo, etc.) mais à couper leurs aides lorsque de vrais réformateurs, tels que Salvador Allende au Chili, sont au pouvoir.
Lire aussi : FMI et Banque mondiale : un bilan désastreux (et un plaidoyer pour leur remplacement)
Le but de ces soutiens ? Imposer une économie capitaliste aux pays visés et donc ouvrir ces économies aux marchés occidentaux, puis appliquer des politiques de privatisation et (le cas échéant) d’austérité aux pays en question. C’est ce qui est arrivé un peu partout dans le monde, du Chili aux Philippines, du Mali à la Grèce ces dernières années. Une politique qui arrive en France, actuellement. TINA, comme disait Thatcher, une ultra libérale bien extrême dans son genre : « There is no alternative ! »
« L’extrémisme (ou jusqu’au-boutisme) est un terme utilisé pour qualifier une doctrine ou attitude (politique, religieuse ou idéologique) dont les adeptes refusent toute modération ou toute alternative à ce que leur dicte cette doctrine. »
Wikipedia
Si vous n’êtes pas d’accord avec eux (les « élites », qui sont à la fois politiques, médiatiques, économiques), vous n’êtes pas réaliste et donc discrédité a priori. On n’écoutera même pas votre démonstration et vos idées.
Vous qui avez des idées infiniment plus complexes que des réformes libérales qui vont toujours dans le même sens et qui n’ont rien de structurelles, vous qui voulez vraiment toucher aux structures du système, vous ne pouvez décemment pas présenter la cohérence de votre pensée lorsqu’on vous pose une question qui, au niveau journalistique, équivaut au néant :
« Et vous, vous feriez quoi si vous étiez au pouvoir demain ? »
Évidemment, il est impossible de répondre à cette question tant la manière dont on raisonne aujourd’hui aux niveaux politique, social, économique, écologique est aberrante. La réponse ressemble à une montagne irréalisable : il faudrait mettre en place une véritable révolution au niveau politique, en profondeur, pour amorcer des évolutions sociales, écologiques, économiques, avec l’énergie et les idées de toutes et de tous. Mais donner cette réponse fait passer pour… « un extrémiste ». C’est le serpent qui se mord la queue. Le système actuel (système médiatique inclus) oblige à donner des réponses lapidaires, fragmentées, et qui deviennent donc réformistes. Le jeu est perdu.
Et comment appelle-t-on un système qui empêche – directement ou de manière détournée – de penser différemment ou d’exposer de vraies alternatives. La réponse est dans le titre.
D’ailleurs, attention aux mots, je le répète. Gauche et droite sont des leurres qui ont pour seul but de nous diviser. Mais si je me reconnais dans les valeurs historiques de la vraie gauche dont le PS ne fait évidemment pas partie (libertés sociales, contrôle de l’économie qui doit être uniquement un outil pour le bien commun, etc.), je reconnais surtout que le système actuel (gauches et droites confondues) est totalement en adéquation avec les valeurs historiques de la droite (conservatisme, libertés économiques, contrôle de la société, etc.).
Malgré tout, car les mots sont avant tout faits pour nous comprendre entre nous, je répète à l’envi cette punchline à peine exagérée : « Ce n’est pas moi qui suis d’extrême gauche, c’est le système qui est d’extrême droite ».
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Sources : Wikipedia, CADTM, matierevolution.fr
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